On était à
Festival Yeah! : Lourmarin, village du bonheur

En cinq éditions, Laurent Garnier et ses amis ont réussi un pari fou : faire de Lourmarin et de son festival un des événements les plus prisés de ce début d’été. Complet en quelques minutes, le Yeah transforme le village pendant 3 jours en un des endroits les plus cools de France. Retour sur un week-end ensoleillé au cœur du Luberon.

Vendredi 2 juin ; 21h, découverte du château

Autoroute A7, sortie numéro 26 - Sénas puis continuer direction Lourmarin. Vendredi en fin d’après-midi, nous arrivons à destination dans le petit village d’un peu plus d’un millier d’habitants où se déroule depuis 2013 le festival Yeah!. A peine le temps de nous installer au camping des Hautes Prairies que c’est vers le château qu'on se dirige. Surplombant le village, la forteresse construite à la renaissance est la seule scène payante de l’événement. Le cadre est bucolique avec une arrivée au milieu des oliviers, et une fois le portail passé on tombe sur un magnifique bassin dans une jolie cour d’entrée fleurie. L’ambiance se rapproche plus d’un mariage bourgeois que d’un festival de musique !

23h20, Rock et danse dans la cour d’honneur

Les concerts se passent à l’étage, dans la cour principale de la demeure. Devant la façade, une petite scène sans toit est installée avec de chaque côté, le long des remparts, deux bars qui se font face. Le moment pour nous de prendre une première pinte à 5€50 après avoir pris un bracelet au stand Cashless. Sur scène, c’est The Limiñanas. Le live du groupe est rock, pop et psychédélique à la fois avec un chant à la Gainsbourg. On danse non-stop au milieu d’un public tout sourire. Un premier concert qui nous met dans l’ambiance : on sent très vite que la soirée va être festive. Et cela se confirme dès le changement de plateau. Dj Nassim installé à côté de la scène au milieu des arbres balance quelques classiques électro et disco avant que Vox Low (photo) ne prenne le relais. Les 2 membres de Think Twice qui avaient signé sur le label de Garnier dans les années 2000 repartent sur les scènes avec un nouveau projet qui transpire le mélange new wave, rock garage et électro.

01h00, concours de limbo et session disco

Le château est entouré de petits jardins et de petites oliveraies dans lesquels des food trucks et un “pop-up market” sont installés. Burger-frites pour 10€ en poche, on remonte au château où le public improvise un concours de limbo au milieu de la foule en toute décontraction. On se risque à l’essai, avec succès, et avec nous une bonne cinquantaine de festivaliers, on joue le jeu en motivant les plus réticents. Dans la foulée, les américains de !!! (photo), que l’on prononcera "Chk Chk Chk", montent sur scène pour une heure de show rock groovy teinté de disco. A la baguette, le chanteur Nic Offer fait danser le public avec un charisme incroyable, malgré son “short” de costard. Le mélange funk-disco-rock indé fait mouche, on ne voit pas le concert passer et c’est en dansant qu’on quittera Lourmarin pour rejoindre le camping à une bonne vingtaine de minutes de marche.

Samedi 3 juin,14h30, apéro pétanque avec Moustic

Le réveil se fait Place des bars dans le charmant village. Au coeur des petites rues, une multitude de bars et restaurants ont sorti les terrasses et festivaliers et touristes profitent du soleil en musique avec le LDC Soustystem, le Lourmarin Dj Crew Soundsytem. A quelques centaines de mètres, les basses ronronnent sur le terrain de pétanque. Aux platines, Moustic (photo), célèbre animateur de l'émission Groland qui lui aussi passe ses vacances dans la région. Pendant qu’il enchaîne les selfies avec les festivaliers, tireurs et pointeurs s’affrontent pour le tournoi annuel de pétanque. Un moment en toute coolitude, au moins autant que la dégaine de Moustic déguisé en femme, plus proche du style de Régine que de celui de Monica Belluci quand même.

17h00, bourse aux skeuds et rétro gaming

On a découvert le château de nuit hier, aujourd’hui c’est de jour qu’on s’accorde une petite visite de ce symbole de Lourmarin. Car festival ou pas, les visiteurs et les touristes sont nombreux dans le village et il y a foule au château ce samedi. Sur le chemin de la redescente on s’arrête du côté de l’espace Camus où le photographe Boby expose quelques unes de ses photographies. Habitué des festivals, mais aussi des photos de magazines, on découvre de superbes clichés de Charlotte Le Bon, Deluxe ou d’anonymes en pleine boue. Un peu plus loin dans la Fruitière Numérique (photo), l’univers geek de la musique électronique et le rétro-gaming se mixent aux vieux vinyles usés et aux machines à son. On se promène entre bacs de vinyles à prix corrects et jeux d'arcade en libre accès, mais aussi stands de machines électroniques avec des vendeurs présents pour conseiller et faire tester les bijoux mis à disposition. Un peu geeks, on se prend à rester scotché sur le Moog Sub 37 et la Roland TR-8 qui reprend les mythiques boîtes à rythme TR-808 et TR-909.

22h00, Queen est dans la place

De retour au château en début de soirée, on est un peu moins emballé par le programme ce soir. Notre manque d'enthousiasme se confirme rapidement avec la prestation de Barbagallo. Le batteur du groupe Tame Impala n’arrive pas à nous faire décoller et ses montées manquent cruellement d’explosivité pour convaincre qui que ce soit. Heureusement pour nous remettre dans l’ambiance, le dj White Russian (photo), nous passe avec brio des grands classiques entre chaque concert. Et alors que la pluie commence à tomber sur Lourmarin le DJ nous cale un petit Queen des familles et fait chanter tout le public sur "Bohemian Rhapsody". Big up DJ !

23h20, Chantons sous la pluie

Mais la pluie s’intensifie fortement et il est difficile de rester sous les trombes d’eau qui s'abattent sur nous. Très vite les stands tentent tant bien que mal de se couvrir, mais pour la plupart ce sera coupure de courant et attente sous la pluie. Nous on se dirige vers la Vieille Ferme, le bar à vin du château qui a déployé une bâche sous laquelle une bonne centaine de festivaliers s’abritent (photo). Certains en profitent pour commander à boire, autant lier l’utile à l’agréable, nous on servira plutôt de poteau humain à tenir la bâche à son extrémité, le tout dans une belle ambiance et une bonne humeur qui ne quittera pas les festivaliers. L’averse ne durera que quelques minutes, assez pour décaler le planning et réduire les temps de passage des artistes.

00h40, Katerine et charcuterie, recette d’un samedi soir presque réussi

L’heure est maintenant à la pause repas. On se dirige vers la Veille Ferme qui nous fait de l’oeil depuis le début du week-end avec ses bonnes bouteilles de vin et ses planches de charcuterie géantes. 15€ la planche, 16€ la bouteille de Côtes du Rhône ça reste plus que raisonnable et c’est sur les remparts qu’on s’accorde cette pause avec Narrow Terrence puis Katerine (photo) en fond sonore. Katerine justement qui, malgré tout le bien qu’on pense du personnage, n’aura pas convaincu : son concert s’apparente plus à un spectacle qu’à un live musical et ce n’était pas le bon moment pour un show de ce type. Pour conclure cette fraîche soirée, les belges de Brns ferment la scène avec un live psychédélique calme et planant. Bien trop calme pour un samedi soir malheureusement.

Dimanche 4 juin, 12h10, brunch et mojitos dans le jacuzzi

Le soleil tape sur Lourmarin en ce dimanche midi, et pour attaquer ce dernier jour, le camping et le festival ont prévu un petit brunch musical. Au programme : nourriture à volonté, musique d’ambiance, concours de sauts (non officiel) dans la piscine et même jacuzzi. Car le camping de Lourmarin n’a rien à voir avec un camping de festival, on est plutôt calé là dans un vrai camping étoilé du sud de la France tout confort. On aurait pu y passer la journée, mais le programme est chargé.

15h45, air DJ au club de tennis

A peine le temps de terminer notre bain de soleil au bord du bassin qu’il est temps de se diriger vers le club de tennis de Lourmarin. Cet après-midi c’est là que ça se passe avec les Sheitan Brothers qui ambiancent le petit jardin qui jouxte les cours de tennis. Une belle session électro-groovy qui fait office d’introduction au concours que tout le Vaucluse attend depuis des semaines : le championnat du monde Air DJ ! Parrainé par Château Brutal, membre des Airnadettes et plusieurs fois champion national de Air Guitare, le concours voit s’affronter les meilleurs Air Djs de France et de Navarre. Face à eux, un jury d’experts intraitables et tout sauf neutre : Moustic en mode Québécois (allez comprendre), Laurent Garnier, les membres de Radio Meuh et évidemment Château Brutal. Le moment est drôle, le jury est aussi décalé que les mecs qui défilent devant eux, et la corruption de ses derniers ne fait aucun doute ! On apprécie particulièrement ce moment magique où un des participant nous sort une performance de haut vol sur un remix de la chenille. L’occasion pour Laurent Garnier de soulever le choix du “morceau pourri” et d’avouer avec humour qu’il s'agit de son remix qui sortira prochainement.

17h20, tonton Garnier à domicile

Avec un peu de retard, El Godfather Laurent Garnier prend le relais aux platines. Le petit espace est blindé de monde et le soleil tape tellement que les tireuses à bière ne sont plus que tireuses à mousse. Comme si la chaleur n’était pas assez présente ce dimanche, Laurent Garnier joue 1h30 de set qui enflamme le public. Entre house et techno les festivaliers dansent comme rarement ce week-end, et on se prend sans le voir arriver un finish des plus mémorables : une session UK et un enchaînement sur Goran Bregovic avant un “Bella Ciao” repris en choeur par le public. Un vent de folie souffle sur le club de tennis cet après-midi : même les enfants se mettent à slammer (photo). On n'aurait raté ce moment pour rien au monde.

22h45, Jacques, Mr Bricolage

En ce dimanche soir de juin, tous les bars et restaurants de la petite ville sont ouverts. Idéal pour se poser et profiter d’un plat de pâtes avant de monter au château. A peine la nuit tombée, Jacques (photo) prend les commandes de la scène et du public par la même occasion. Lui qui construit sa musique avec des objets fait devant nous une véritable performance artistique tout en arrivant à nous faire danser. Tantôt à taper sur une pelle, tantôt à jouer de la guitare avec une raquette de badminton, Jacques délivre un live parfaitement maîtrisé du début à la fin sans aucune interruption. Sa musique évolue et nous raconte une histoire mimée par une gestuelle aussi loufoque que sa coupe de cheveux. Le public est fasciné, sans doute le concert le plus incroyable du week-end.

00h30, Meute et Laurent Garnier en bouquet final

Notre dernier verre de Côtes du Rhône, on le dégustera devant Meute (photo), une fanfare techno tout droit venue d’Allemagne. Avec une énergie débordante, la fanfare reprend tour à tour Flume, Ame et bien évidemment en clôture "The Man with the Red Face" de Laurent Garnier pour clôturer le set. Le principal intéressé profite du moment pour se joindre au groupe et taper des percus avec une boite de burger face à un public sur-excité. Un final en beauté sublimé par la classe des organisateurs : au moment où les festivaliers quittent le château, Laurent Garnier, Nicolas Galina et Arthur Durigon claquent la bise à tout le monde devant le portail. Comme la fin d’une soirée entre potes où tes hôtes te remercient d’être venus et te disent d’être prudent en rentrant. Pendant plus d’une demie-heure, les 3 organisateurs se prêtent au jeu. La grande classe, bravo messieurs.

Le bilan

Côté concert

Au-dessus de lui il n’y a même pas le soleil
Laurent Garnier, le big boss à domicile claque le set parfait un dimanche aprem au milieu du club de tennis. Respect.

Mr Bricolage
Jacques, un live parfaitement bricolé, dansant et un peu fou. Excellent moment.

Ca groove baby
!!!, on a dansé sans s’arrêter

Ils assurent comme des chefs
Nassim dj, White Russian et Phil Meuh Disco Porn, jamais simple de jouer en inter-plateaux, pas un problème pour eux qui ont, par moments, mis plus d’ambiance que les artistes sur scène.

Pas le bon timing
Katerine, malgré son show décalé ce n’était pas le bon moment pour voir ce qui s'apparente plus à un spectacle qu’a un concert.

Côté festival

On a aimé

- Le lieu : un petit village dans le Luberon se transforme en festival. Les vacances idéales.
- L’ambiance : une petite jauge, au bout de 48h on a l’impression de connaître tout le monde et d’être dans une grande fête de famille.
- La multitude d’activités chaque jour : impossible de s’ennuyer.
- Le camping de Lourmarin, un havre de paix avec piscine et jacuzzi.
- Le concept plus fort que le programme : une vraie force.
- La musique de Bonne Nuit Les Petits à la fin de chaque soirée, une façon se sympa de nous demander de partir !
- Les T-shirts par Sessun, classe à souhait.
- Les 3 organisateurs qui tapent la bise à tout le public pour finir le week-end. Du love !

On a moins aimé

- Aucune information sur la Cashless en amont et pendant le festival. Pas non plus de prise du Cashless hors du château.
- Pas de CB sur les bars et stands : problématique quand le seul distributeur de la ville est en rupture le samedi soir.
- Les concerts du samedi bien trop calmes

Conclusion

Si le festival parfait existe, tout porte à croire qu’il est à Lourmarin. Dans un cadre magnifique, un des plus beaux villages de France dans le Luberon, le festival Yeah! apporte pendant 3 jours un vent de fraîcheur dans cet océan de festivals estivaux. A l’opposé des grosses machines, Laurent Garnier, Nicolas Galina et Arthur Durigon ont concocté un événement à taille humaine où l’on passe un week-end entre potes dans un festival organisé par des potes. On repart avec ce sentiment de faire maintenant partie de la famille, et avec l’immense envie d’être présents l’an prochain, pour retrouver nos nouveaux amis et cette ambiance de grandes vacances le temps d’un week-end. Pas étonnant que les places partent en quelques minutes et que les logements soient réservés 1 an à l’avance : nous, on a déjà booké notre week-end de la Pentecôte 2018.

Récit et photos: Quentin Thomé et David Beltramelli