On était à
Festival de la Paille, à la cool dans les montagnes

24 000 spectateurs sur deux jours, une programmation qui nous a fait oublier qu’on avait un travail le lendemain, une organisation et des bénévoles au top. Bref, il était temps pour nous d’aller dans le Haut-Doubs et de découvrir cette pépite de festival entre vaches et champs. On vous y emmène.

Jour 1. 15h49, à nous l’apéro !

L'apéro est à un bon festivalier ce que l’échauffement est à un sportif de haut niveau : une nécessité. Visiblement à la Paille ça commence tôt. Ici le fromage et le saucisson sont légion. Loin d’être les premiers arrivés sur le camping, on sent d’emblée que l’ambiance est hyper détendue. Il fait beau. On est entouré de collines verdoyantes, et l’odeur des vaches vient titiller nos narines. On se fait arroser à coups de pistolets à eau. Et on ne lésine pas sur la bière.

18h14, funkons sur la paille

La piste verte était jaune et le foin faisait un tapis. Il est encore tôt quand on arrive sur cette station de ski reconvertie en lieu de pèlerinage pour amoureux de la musique. On est parmi les premiers sur le site mais autant prendre de l’avance pour acheter notre Gold Master Paille (1€ la carte) et mettre plein de Papayous dessus (1 Papayou = 1€). À 5,20€ la pinte de blonde et un gosier sec on préfère la charger de trop plutôt que d’avoir à la recharger en cours de soirée. En attendant l’arrivée de LP on découvre Pocketfull of Funk sur la scène du Mont d’Or un petit groupe jurassien qui sait s’y prendre pour nous faire bouger.

20h22, LP we are so lost on you

Les grills fument et les friteuses sont en ébullition. On n’y tient plus, l’odeur nous attire vers les stands. Comme tout le monde d’ailleurs. Le choix est difficile tant la variété est grande. Metsiflette ou burger au comté ? Mojito ou petit vin du Jura? On se laisse finalement tenter par un tacos débordant de frites et de poulet croustillant à 8€, quand sonne 20h40. Une corde de guitare est grattée et une voix venue de nulle part, à la fois suave et nasillarde pousse une note à la justesse parfaite. LP, la seule, l’unique. C’est un vrai kiff, même s’il a fallu attendre qu’elle entonne son titre phare Lost on You pour que le public soit entièrement conquis. Nous on l’admet volontiers, on a déjà l’album à la maison et on le tourne en boucle: Ooh Oh oh Ooooh!

23h28, Dub Inc allume la flamme

Le point fort de la Paille c’est sa programmation éclectique. Il y en a pour tout le monde. Avec Dub Inc on part en voyage, tantôt dans les Caraïbes, tantôt en Orient. Les styles se mélangent, les textes sont engagés, le reggae pulse et le duo de chanteurs fait monter la température dans la fosse. On nous avait annoncé des nuits fraîches en montagne, c’était sans compter l’ambiance folle de Métabief. Dans l’art de galvaniser la foule, Dub Inc caracole en tête.

00h00, Et une m(mmh)etsiflette, une!

Même le festivalier le plus entraîné ne peut négliger la pression que lui fait subir sa vessie. Heureusement le temps d’attente aux toilettes sèches du festival est étonnamment court, une vingtaine de minutes seulement chez les filles. Avant le passage des deux anciens membres de C2C on se paie le plaisir d’une metsiflette. C’est comme la tartiflette mais avec du metsi, le fromage local. Miam !

00h45, Pfel & Greem explosent la scène

Les forces revenues on est prêt à repartir de plus belle. Les jeux de lumières, le son qui fait vibrer nos cages thoraciques, les rythmes entraînants et les transitions hyper calibrées du set que nous offre le duo de DJs Pfel & Greem nous mettent en transe. À la fin c’est rincé qu’on s’affale dans la paille. Notre foie nous récuse, nos jambes ne veulent plus nous porter. L’appel du duvet se fait sentir. Le problème c’est que les 800 mètres qui nous séparent du camping semblent interminables. Les mauvaises langues diront que c’est sûrement parce qu’on ne marchait pas très droit. Note à soi-même : peu importe la situation, ne jamais croire les mauvaises langues.

Jour 2. 09h07, techno + douche glacée = réveil corsé

Malgré les bouchons d’oreille distribués par la Paille, la playlist « 48h de techno psychédélique » de nos voisins aura eu raison de nos oreilles. Mais on ne vous en veut pas les gars, on va profiter d’une super journée. Rien de mieux pour ça qu’une bonne douche glacée revigorante et un café. Les vestiaires du stade de foot ont été mis à disposition. À 1€ la douche on dit oui! Et pour le même prix on peut mettre son portable à charger. Amélioration non négligeable depuis l’an dernier : une grande bâche noire suspendue devant la porte d’entrée du vestiaire évite de devoir danser sur un pied en essayant de maintenir sa serviette autour de la taille pour se défroquer. Ceux qui ne voulaient pas attendre dix minutes pour la douche, une bonne session de ventriglisse peut faire l’affaire.

12h08, Une fanfare rose déferle dans les rues

On ne peut pas les rater. Ils sont sept, tout de rose vêtus. Ils imposent leur style et empêchent parfois les voitures de passer. Guitares électriques et amplis accrochés autour du cou, ils déambulent dans les rues autour du festival. La Fanfare Électrique c’est la quintessence du spectacle de rue version rock. Une super découverte. Autour d’eux ça danse, ça rit. Une voiture klaxonne, vaine tentative pour se frayer un chemin. L’ambiance retombe un peu quand la sécurité s’en mêle : “libérez le passage !”. Puis ça repart de plus belle cinq minutes plus tard.

19h37, un jour on est allé à la Paille et depuis on vous emm**** !

Georgio est beau, il est chaud et il le communique. On en oublie nos coups de soleil pourtant douloureux et les gueules de bois se dissipent. Plein d’ardeur il se lance dans le public pour un slam en bonne et due forme pour sa dernière chanson, Hera. À 21h30 L.E.J. fait de même. Les trois amies d’enfance réussissent le pari de balancer leurs chansons les plus connues en début d’apparition sans que la foule ne se dissipe. C’est de l’énergie à l’état pur. D’ailleurs les petits couacs techniques du début ne les ont pas empêché de mettre une ambiance de malade. Un petit quelque chose nous dit que les déhanchés de Lucie n’y sont pas pour rien. C’est sûrement le seul live où la plupart des gens gardent les yeux rivés sur le grand écran. Ce vrai échange avec le public, c’est exactement ce qu’on voulait sur ce festival. On est conquis.

22h09, du kurtoskalac tu mangeras, caler tu feras

Ce soir il y a le même nombre de festivaliers que la veille, pourtant le site semble beaucoup plus peuplé. Il n’y a qu’à voir le temps d’attente aux toilettes. Il a littéralement doublé passant à une quarantaine de minutes. Et vu leur état on les quitte au plus vite pour mieux se remplir la panse. Après avoir fait le tour du salé, on se lance sur du sucré, et à forte dose. Le stand Kürtosch satisfait totalement ce caprice. Ils y servent des kurtoskalacs, “spécialité tout droit venue de Transylvanie” annonce la pancarte. Cette pâte cuite sur broche au feu de bois forme une espèce de cheminée fumante. On est là pour découvrir alors on les prend à la noix de coco et au fromage et lardons. C’est bon, c’est bourratif, et on s’affaisse dans l’herbe. On est trop lourds.

22h47, viens faire un tour à Métabief

The tête d’affiche du festival, tout droit venu de la Bretagne, le légendaire groupe Matmatah s’invite à la montagne. Leurs fans inconditionnels sont au rendez-vous, tout comme le traditionnel drapeau breton, incontournable de tout festival qui se respecte. Pendant que nous sommes toujours sur la paille autour de nous ça s'agglutine tel une fourmilière. L’espace est saturé. Pourtant il y a eu un glissement. L’ambiance et l’échange entre artistes et festivaliers s’est atténué. Les chansons du nouvel album ne font pas l’unanimité. Il faudra attendre les vingt dernières minutes pour que ça se débride, qu’on soit à la limite du pogo, que la transpiration nous pique les yeux tant on se donne. Il fait chaud comme un soir de canicule à Séville, alors du coup, on va prendre des churros... Ben quoi ?

01h04, les Naive New Beaters nous ont battus

Ils ont de l’humour, des costards rouges, un accent déroutant, se dandinent ostensiblement, et quand on regarde ce festivalier qui danse comme s’il était pris d’une crise d’épilepsie, on peut affirmer que les Naive New Beaters et leur leader David Boring savent y faire. La preuve en est que pas moins de deux soutien-gorges atterrissent sur scène et le groupe s’en vante sans modestie. Nous, les sous-vêtements bien agrafés, c’est surtout le nom de famille du chanteur qu’on retient. C’est bien mais c’est pas notre dada. Trop de nonchalance dans sa façon de s’adresser au public, à moins qu’il ne soit complètement perché ? On préfère clôturer la soirée sur une photo de famille. Sans conteste la première d’une longue série signée la Paille.

Le Bilan

Côté concerts

La révélation
LP, une force et une fragilité vocale qui nous ont donné des frissons

Les passionnés
Dub Inc, ils fédèrent tout le monde et nous transportent dans leur monde

La tornade
L.E.J. représente fièrement le 93,

Le “on repassera plus tard”
Naive New Beaters, on n’a pas réussi à rentrer dans leur univers

Côté festival

On a aimé :
- La diversité de nourriture et de boisson, vive le vin du Jura !
- La programmation non exclusive, il y en a pour tous les goûts
- Le site en pente qui permet à tout le monde de voir la scène
- Le camping gratuit, éclairé et surveillé
- La distribution de sacs poubelles et la sensibilisation au tri du verre
- La Gold Master Paille, moins de queue aux stands

On a moins aimé :
- Les toilettes crasseuses le samedi soir
- Devoir payer en cash au camping pour les douches et le café, pourquoi pas en Papayous ?
- Le manque de poubelles près des stands sur le site du festival

Conclusion

Avec deux scènes et un site à taille humaine la Paille a misé sur la convivialité, l’efficacité et l’amour du son. C’est un combo réussi pour ce festival qui souffle sa 17ème bougie. Honte à nous d’avoir manqué les éditions précédentes. Maintenant tout ce qu’on souhaite c’est un troisième jour de festival pour l’an prochain. Le rendez-vous est déjà pris.

Un récit de Louise Bonte
Photos de Louise Bonte et Florent Chaperon

Crédit Photo Pfel & Greem : VisualBreak pour Festival de la Paille