On était à
Europavox  réveille les volcans d’Auvergne

Sous la chaleur étouffante de Clermont-Ferrand, le festival Europavox avait une nouvelle fois à cœur de montrer qu’il fait parti des grands. Résolument tourné vers l’Europe, c'est la plume belge de Stromae qui a marqué les esprits pour un paquet d'années. Retour sur le plus volcanique des festivals de l’été.

Jeudi 5 juin. 20H30, Premiers pas dans le festival

(c) Bastien Santanoceto

Après avoir profité du soleil pour l'apéro dans le parc à l'entrée du festival, on se décide à rentrer pour découvrir le site. Première bonne surprise, la grande partie du festival est accessible gratuitement et seuls les concerts en salles (Polydôme, Coopée et Petite Coopée) sont réservés aux détenteurs de billets. Il n’est donc pas rare de croiser des gens venus uniquement prendre un verre devant la scène gratuite. Alors qu'on se promène dans les allées du festival, nos oreilles et nos papilles sont interpellées par le concept très original proposé par le duo DJ Pravda & Chef Berna. Dans la petite salle Coopé pourtant loin d'être remplie, les compères italiens nous offrent un concert où les mixs se mélangent aux effluves des préparations du chef cuisto. Si les basses ne font pas encore bouger le public, le duo a au moins le mérite de nous mettre l'eau à la bouche en ce début de festival.

21h02, Casseurs Flowteurs enflamme la Coopé

On aurait pu les croire en rodage. C'est à Europavox que le duo composé d'Orelsan et Gringe (prononçer grainge, il y tient) ont décidé de lancer leur tournée estivale. Dans la salle Copée pleine à craquer, le duo nous fait vite comprendre qu'il n'y aurait pas d'échauffement. Appuyé par un très bon DJ Pone, le groupe déroule son rap frais et dynamique repris en cœur par un public conquis. Dans cette ambiance survoltée, les rappeurs décident même de refaire le clip du titre « Regarde comme il fait beau ». Aucun doute : les Casseurs Clowteurs continueront d'enflammer les festivals français cet été !

22h17, Salut c'est cool, la folie furieuse

On les avait déjà vus au Chorus Festival et au Reperkusound, mais on ne se lasse décidément pas de l’énergie débordante et contagieuse de Salut C’est Cool (photo). On arrive dans la salle de la Petite Coopé (rebaptisé Club Erasmus) alors que le concert a commencé depuis une ou deux chansons, et on galère déjà pour se frayer un chemin vers le devant de la scène où la température oscille entre les 45 et les 50 degrés. On assiste à un concert en fusion où la scène et la fosse ne font qu'un et où les quatre compères ne se gênent pas pour tous slammer en même temps. On est complètement sur les rotules à la fin, comme le groupe d'ailleurs, mais on s'est encore éclaté comme des ados de 15 ans. On ne fera certainement pas l'impasse cet été sur ce quatuor déjanté.

00h20, Clap de fin pour ce premier soir

Après la furie Salut c'est cool, il nous aura fallu une bonne demi-heure pour reprendre nos idées. On en profite pour se désaltérer et manger un morceau dans les nombreux food trucks présents sur le site avant de se poser devant Baskerville, groupe néerlandais à l'électro pop rock percutante qui n'a laissé personne de marbre. Au bout de la nuit et avant de rentrer avec le dernier tramway dont les horaires ont été astucieusement repoussés, on profite des dernières décibels chatouillées par la bonne humeur de la bande espagnole de La Cafeteria Roja. On est déjà fatigué après cette première soirée, le signe d'un festival qui commence sur les chapeaux de roues. Vivement la suite.

Jour 2. 21h20, Kadebostany fait grimper la chaleur

Pour ce deuxième jour, la température monte dans le festival comme sur le thermomètre. On se plaît à débuter la soirée à l'ombre dans le parc avant de rentrer dans le festival pour découvrir Kadebostany (photo). Le groupe suisse enchaîne des titres aux sonorités électro folk avec punch dans un Polydôme conquis bien qu'à moitié rempli. Si on a apprécié l'énergie proposée par la bande, on regrettera tout de même une incapacité à résister à la tentation du trap pour un groupe qui pourrait pourtant facilement s'en passer.

22h30, Avec M, c'est toujours un régal

Tête d'affiche de cette édition 2014, Mathieu Chedid (photo) était évidemment très attendu par le public Clermontois et comme à chaque fois, il a su répondre présent. Slalomant habilement entre ses succès d'hier et d'aujourd'hui accompagné de musiciens hors pairs, l'ex soldat rose nous transporte au travers de ses mélodies qui font vibrer et chanter un Polydôme rempli à ras-bord. Pas de doute, M confirme une fois de plus ses talents de showman et on ressort gonflé à bloc pour enchaîner les concerts.

23h35, On s'échoue sur l’îlot musical de Girls in Hawaï

Pas le temps souffler après M, on file à la Coopérative de Mai pour voir le groupe dont tout le monde parle en ce moment, Girls in Hawaï (photo). À notre arrivée, la salle est remplie mais assez calme, et on comprend vite pourquoi. Entre les mélodies mélancoliques et les voix désabusées du groupe belge, l'énergie accumulée lors des concerts précédents s'évapore dans l'atmosphère maussade qui règne dans la salle. On quitte le groupe après une petite demi-heure par peur que cette parenthèse languissante ne mette en danger le reste de notre soirée.

23h38, Rattrapés par la patrouille en délire Congopunk

À peine sorti de la salle qu'on se retrouve pris dans la tornade Congopunk (photo) qui a la charge de surprendre les festivaliers dans des interludes complètement barrées. Et les deux compères sont passés maîtres en la matière, munis d'une simple batterie et d'accessoires en tous genres, entre tuyaux de plomberies et films plastiques. On se prend au jeu dans la foule regroupée autour des deux artistes qui proposent des mélodies entêtantes et des chorégraphies loufoques. On profite au maximum de cette récréation avant de prendre le chemin du retour, déjà impatient de commencer l'ultime soirée du festival dédiée à l'éléctro.

00h30, AM444 en bonus

Alors qu’on s’imagine rentrer tranquillement on découvre que la scène Fac’rory censée être fermée depuis une bonne heure est encore en marche. On y retrouve la jeune artiste Chinoise ChaCha et son groupe AM444 (photo) qu’on a pu apercevoir sur scène quelques heures plus tôt avec M. Invité surprise, on apprendra plus tard que Matthieu Chedid en personne est lui aussi passé sur cette même scène pour l’accompagner et proposer un mini concert gratuit. Décidemment ce festival aime nous surprendre !

Jour 3. 18h00, À la recherche de la fraîcheur perdue

L'édition 2013 nous avait ravie, mais on espérait du soleil et des températures plus clémentes pour cette nouvelle édition. Nos vœux ont été exaucés car c'est une quasi canicule qui s’abat sur Clermont pour ce dernier jour de festival! On prend donc une fois de plus nos quartiers à l'ombre des arbres dans le parc (photo) à côté du festival, comme bon nombre de festivaliers. Mais aujourd'hui même les arbres ont du mal à nous protéger de la chaleur écrasante, et on se décide alors à aller voir Elliphant qui joue au Polydome.

19h07, Elliphant ou la modestie incarnée

Par cette chaleur, on mangerait volontiers du melon. Malheureusement la chanteuse suédoise Elliphant (photo) semble avoir mangé la part des autres. Son set, qui mis à part deux ou trois chansons plus punchs que les autres, se résume à un concert de trap sur clé usb, et se ponctue de réflexions déplacées envers des spectateurs visiblement trop peu nombreux à son goût. C'est à peine si elle salue la foule en partant avant de nous avoir précisé, en anglais dans le texte, «  j'espère vous revoir avec un autre état d'esprit ». Bref la seule chose agréable dans cette histoire, c'est bel et bien la climatisation du Polydome !

20h50, Milky chance, le calme avant la tempête

Particulièrement curieux de voir le duo allemand, également très attendu des festivaliers, on retrouve Milky Chance (photo) dans une Coopérative de Mai bien remplie. Le duo, étonnement composé d'un chanteur-guitariste et d'un DJ nous plonge dans une ambiance pop folk mystique à l'aide de mélodies planantes et de la voix graveleuse du chanteur. Même si l'ensemble reste un peu mou à notre goût, le voyage proposé par les deux allemands est original et trouvera sans doute ses passagers sur la route cet été.

22h30 Après M la bête de scène, voilà Stromae le monstre de scène !

On sait bien qu'il est d'autant plus difficile pour un artiste de combler son public quand les attentes de ce dernier sont énormes. Encore plus avec son statut de tête d'affiche et le succès rencontré par son album Racine Carré. Et bien Stromae (photo), qui a déjà tout d'un grand, a montré aux festivaliers d'Europavox qu'il avait le charisme scénique d'un géant. Dès les premières notes, la foule embarque dans une transe qui ne s'arrêtera qu'une fois que le génie belge, après un final a cappella on ne peut plus inattendu, aura quitté définitivement les lieux. Tout au long de sa prestation il nous a ravi avec son talent, son humour et son originalité, allant jusqu’à remercier l’intégralité de son équipe avec rythme sur un « Papaoutai » tout en continuant à faire bouger le public. Le succès est unanime parmi la foule et tout le monde s'accorde sur le même mot d'ordre à la sortie : le revoir le plus vite possible, et heureusement ce ne sont pas les occasions qui vont manquer cet été !

00h30 Destockage massif avec Etienne de Crécy

Scotché et fatigué par le show Stromae, on s'offre une pause ravitaillement dans les allées du festival avant de se diriger vers la Coopérative de Mai pour le show Superdiscount 3 d'Etienne de Crécy accompagné de ses deux compères Julien Delfaud et Alex Gopher. L'un des piliers de la scène électro française nous harcèle de mélodies minimales rythmées par des basses sourdes et puissantes. On se laisse porté par le set qui aurait toutefois mérité une animation visuelle à la hauteur de la performance sonore. Usé jusqu'à la moelle après cet ultime effort, on conclut notre festival sur cette bonne french touch qui représente fièrement l'Hexagone dans un festival tourné vers l'Europe.

Côté concert

La découverte
Casseurs Flowteurs, ça promet pour cet été !

La valeur sûre
-M-, avec un show toujours remarquable.

La confirmation
Salut c'est cool, la sauce piment de votre sandwich estival.

La claque
Stromae, en effet, c'est formidable !

La déception
Girls in Hawaï, apparemment toujours en hibernation.

Côté festival

On a aimé :

- La climatisation dans les salles
- La zone gratuite qui couvre une grande partie du festival
- Des spectacles qui commencent et terminent à l'heure

On a moins aimé :

- Le fait de devoir jongler entre tickets et bracelets à l'entrée des salles
- Le manque de décoration dans les salles

Conclusion

Europavox a beau se dérouler au cœur de la ville, on y retrouve un air frais de festival de campagne si cher aux festivaliers. La chaleur du public, la proximité des bénévoles et la bonne ambiance qui règne sur le site se marrient parfaitement à la programmation éclectique voulue par les organisateurs. Quand en plus les éléments répondent présents, ça ne fait plus aucun doute que le festival s'impose comme un évènement incontournable pour démarrer la saison des festivals.