On était à
Coachella : lives incroyables dans le désert californien

Coachella, à Indio en Californie, est l’un des festivals les plus célèbres du monde. Après avoir claqué une bourse d’études et un PEL pour nous offrir ce festival de rêve, nous avons pu nous faire notre avis sur ces trois jours, bien différents de ce que nous connaissons en France.

Jour 1. 11h23, découverte du festival et premières émotions

Après deux heures de route depuis Los Angeles, nous nous garons rapidement sur l’un des parkings aux alentours du festival. Il fait déjà facilement 34°C, heureusement que le chemin était bien indiqué sur des kilomètres à l’avance. Après deux fouilles, et nos bouteilles d’eau en moins, l’émotion s’empare de nous lorsque que l’on aperçoit enfin la célèbre grande roue de Coachella. On bipe notre bracelet reçu par la poste quelques mois plus tôt - avec un agenda et un autocollant pour la voiture - comme un pass pour entrer dans le bus, et nous voilà à l’intérieur du plus grand festival du monde !

En face de nous se trouve la scène Sahara, temple électro par excellence. On préfère commencer par errer dans les lieux le sourire aux lèvres, claquer la bise à deux trois américains au look mélangeant ponchos, robes transparentes et brillantes, maquillages extravagants. En tant que bons français, on se ramène avec la pancarte “Ça va être tout noir” pour attirer la populace locale. Il faut croire que l’on a surtout attiré des américains intrigués, même s’il est midi et qu’il n’y a pas encore grand monde.

13h09, soleil, coups de soleil et SNBRN

Pas de temps à perdre, on va sous la tente Mojave applaudir Zipper Club, qui mettent l’ambiance avec leur pop tout droit sortie des années 80 (photo). Un peu d’ombre n’est pas de refus, on hésite presque à enlever nos ponchos et bandanas. Après un concert de quarante minutes, on se dirige voir un de nos coups de coeur de la programmation : SNBRN (prononcez Sunburn), sur la scène Sahara. Coachella n’a pas l’air d’avoir le même budget que nos festivals franchouillards… ici les mecs posent des écrans à 360° qui font le tour du chapiteau. Le DJ met l’ambiance dans une fosse déjà bien comble.Visiblement, tout le public s’était donné rendez-vous à cet endroit dès le début… d’où notre solitude. Le DJ laisse place à notre fierté nationale, Kungs, qui semble déjà avoir son public ici. Il ramène ses musiciens sur scène et fait monter un peu plus la chaleur avec son énergie et son anglais à l’accent français bien prononcé. Cocorico !    

Avec ces chaleurs, on pourrait penser que la bière n’est pas forcément recommandée... Nous, on n’a pas su résister. En revanche, avant de savourer une petite mousse, c’est un réel parcours du combattant : il faut passer par un point de contrôle de l’âge, pour avoir un bracelet, pour ensuite accéder à une zone 21+, que nous avons affectueusement renommé “enclos à alcool”. La bière à 10$ nous refroidit un peu. Au moins, elle n’est pas coupée à l’eau, on a droit à une vraie Heineken en cannette. Pas le luxe, mais c’est déjà ça.

16h49, migration, art et légendes

Depuis notre enclos on aperçoit sur la grande scène, la Coachella Stage, l’hypnotisant Bonobo, qui nous donne des frissons, notamment avec son album Migration. Vingt cinq minutes seulement auront suffi pour transformer la scène, et faire place à Glass Animals et à tous ses magnifiques ananas partout sur la scène, jusqu’aux lunettes de soleil du groupe. Le chanteur n’a pas l’air concerné par le gros plâtre qu’il a à la jambe et met l’ambiance comme jamais. On est également intrigués par le live des Crystal Castles. On s’approche de la scène Sahara, mais après trente secondes de cris assez insupportables pour nos pauvres tympans, on fait demi-tour. Direction Oh Wonder sur l’Outdoor Theatre, deuxième plus grande scène. Sur la route, impossible de passer à côté de ces oeuvres d’art immenses, notamment “Is this what brings things into focus?” ou plutôt ces espèces d’éléphants-licornes avec un chapeau d’anniversaire sur la tête en plein milieu du festival. On ne cherche pas trop à comprendre, on s’émerveille simplement. Au passage, on tombe sur deux trois festivaliers aux costumes exotiques (photo). Côté scène, Oh Wonder nous en mettent plein les yeux notamment avec sa chanteuse au sourire plus que communicatif et fédérateur.

Le soleil se couche, on enchaine avec un combo monstre : Jagwar Ma, The xx, Empire of the Sun et Radiohead. On en prend plein les yeux et les oreilles, notamment avec le groupe porté par Thom Yorke pour un show grandiose, sans aucun problème de son contrairement au week-end précédent. Après toutes ces émotions, on rentre dormir à San Diego. Un peu de route ne nous fait pas peur, on est aux Etats-Unis, et se loger est vraiment compliqué sur le festival si on n’a pas les finances qui suivent.

Jour 2, 13h08 : Islande, Australie et Angleterre


Avec la route jusqu’au festival, on arrive un peu plus tard à Indio. Toujours aussi facile d’accéder sur le festival, même vers 13h alors qu’il y a un peu plus de monde aux entrées. Un petit tour de la célèbre grande roue nous fait réaliser le délire qu’est ce festival immense (photo). Il fait toujours très chaud : nous nous laissons tenter par une petite boule de glace vanille avec deux churros accompagnés de céréales pour enfants goût fruits. Beau, bon mais 13$. On se dirige ensuite voir les islandais de Kaleo, qui nous font tripper avec leur album A/B sorti fin 2016. Rien que pour le chanteur et sa petite chemise, on est contents d’avoir fait l’aller-retour. Notre Brodinski national semble tout exploser sur la scène d’à côté, mais tant pis, on trouvera bien moyen de le voir en France, on a de la découverte à faire en Californie ! Deuxième sensation du festival : GRYFFIN. Toujours sous la scène Sahara, le DJ fout un sacré bordel et se paie le luxe d’inviter l’australien bien connu chez nous, Josef Salvat, pour interpréter Heading Home. On en peut plus, c’est le premier Special Guest que nous croisons sur le festival. Nous avions entendu dire que lors du weekend précédent, The Weeknd, Lauryn Hill, Drake ou encore Wiz Khalifa étaient venus claquer une bise sur scène. Seront-ils là à nouveau ? 

14h42, comme un air de Rock en Seine

Avec la suite de la programmation, on croirait revenir à Saint Cloud fin août dernier : Bastille joue sur l’Outdoor Theatre et Dan Smith semble toujours autant en forme. Il vient même nous voir dans le public et passe juste à côté de nous. En face, Two Door Cinema Club envoient du lourd sur la Coachella Stage. Par chance, les deux artistes jouent tous deux cinquante minutes, mais avec vingt minutes d’intervalle. Avec un peu d'organisation, nous pouvons nous débrouiller pour voir tout le concert de Bastille, et la fin de Two Door Cinema Club. On ne pouvait rêver mieux après avoir raté quelques belles sensations, comme Big Gigantic hier.

Après toutes ces émotions, il est temps de faire une pause et de nous rendre dans l’enclos à alcool, manger un demi burger froid à 13$... On notera que les chips étaient plutôt croquantes même si la quantité était d’une tristesse sans précédent. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'a pas pénétré le temple de la grande gastronomie.

Le soleil se couche, les ballons à hélium violets reliés entre eux commencent à voler dans le ciel, comme chaque jour, pendant que les différentes décorations s’illuminent de toutes les couleurs sous nos yeux. Tycho balance lui au loin son électro posée. Le mélange est juste parfait. Les effets lumineux sur les grands palmiers autour du festival font rêver, on est vraiment à Coachella...

19h36, couleurs et pénombre

C’est quand même le moment d’aller rejoindre la scène Gobi pour le show sombre et puissant de Moderat, un show qui donne l'impression que Gesaffelstein et Woodkid s’étaient accouplés pour donner naissance à ce beau spectacle. On prend notre pied devant les effets scéniques sobres, sombres, mais efficaces. Alors qu’on se rapproche de la scène Sahara pour aller applaudir Martin Garrix, on remarque à quel point nous sommes nombreux sur le festival - peut être cent mille par jour de ce qu’on a cru entendre -, mais à quel point le festival est propre. Les bénévoles (ou employés, il semblerait qu’ils soient tous payés) tournent régulièremet pour ramasser les déchets au sol. Mais bon, ne croyez pas que les américains soient plus propres que nous …  après le show de Radiohead hier, c’était l’hécatombe. Martin Garrix, quant à lui, nous a laissé un goût amer. Certes, son show semblait puissant… si seulement on avait pu le voir ! Beaucoup, beaucoup trop de monde sous une tente bien trop petite. On aperçoit le DJ à travers quelques ouvertures sur les côtés, sans trop de son et parmi de nombreuses bousculades. Juste de quoi sauter sur “Animals” et “Tsunami”. Décéption...

Après cette petite déception, on se prépare pour le show de Lady Gaga qui commence dans une heure. Juste le temps d'applaudir la fin de Bon Iver et de profiter de l’overlap pour trouver une place assez proche de la scène. Les Little Monsters semblent déjà dans les starting blocks, on les reconnaît bien parmi les autres tenues originales du festival. Cela ne nous empêche pas de trouver une place à une vingtaine de mètres de la scène, juste à côté des barrières latérales qui créent ce vide entre deux publics : les VIP et les riches-pauvres. La remplaçante de Beyoncé arrive sur scène, sur un mashup de plusieurs musiques dignes d’une rave party. Simple et surprenante, elle interprète des tubes rarements joués, comme Teeth et Scheisse. Elle n’oublie pas de rendre hommage à Beyoncé sur Telephone en l’incorporant en voix off. Bizarrement, peu de musiques de son dernier album Joanne sont joués, alors que beaucoup d’Artpop est proposé, album au succès mitigé. Un show qui a de quoi plaire à ses fans de toujours, et à un public moins réceptif à son oeuvre.

Jour 3, 10h57. dernier jour, dernières découvertes

Trop peu de temps à perdre pour retourner dormir à San Diego, on décidé de dormir dans notre voiture, même si c’est moins confortable. Au final, on peut voir le lever de soleil dans le désert. Et ça, ça n’a pas de prix (photo). Très tôt, on retourne sur Indio après avoir pris une douche dans une station service, et on profite de tous les petits trucs que nous avons oublié de faire les autres jours. Cela commence par une visite de The Antartic, une sorte de tente ronde où l’on s’assoit pour regarder un film projeté sur le plafond à 360°. Entre gros délire psyché et placement de produit pour HP, on hésite.

On visite aussi la scène Sonora pour le concert de Caveman. C’est une véritable scène intérieure, avec des vieux canapés et des murs peints comme dans une MJC. C’est concept, et parfait pour applaudir les américains qui, malgré leur petit succès, arrivent à nous transporter. Direction ensuite ce musée de poubelles, où des artistes ont peint des bennes à ordures. Ca a pour le moins un gros potentiel d'Instagrammabilité. On peut aussi faire de la balançoire, mais pour cela, il faut bien prouver que nous avons plus de 21 ans et signer une décharge. Trop forts, ces américains.

16h46, voyage hispanique sous les chaleurs

Le temps passe vite et il est déjà presque 16h. C’est sous la scène Gobi que nous retrouvons SOFI TUKKER, grosse sensation du festival. Là, c’est un gros voyage au coeur de la jungle que nous offrent les New Yorkais qui chantent dans une langue que nous n’avons pas encore réussi à déterminer. Après quarante cinq minutes à danser comme des sauvages et à transpirer comme jamais, on opte pour Tourist qui fait bouger beaucoup de gens, et semble très en forme. On s’est beaucoup dépensé, on part se dorer la pilule devant Devendra Banhart, avec jus de mangue et burritos pour être dans l’ambiance. Coachella propose niveau restauration de nous emmener un peu où l’on veut. Sur le chemin pour aller s’acheter une bière, on entend Grouplove sur la grande scène. Nous voulions aller voir Jack Garratt, mais le temps de remplir nos bouteilles d’eau, le concert était passé. Par chance, un vendeur nous en a offert quelques-unes, certes très chaudes. On assiste depuis notre enclos à la dernière date du duo Porter Robinson & Madeon qui foutent le feu sur la Grande Scène.

19h45, dernières légendes, dernière nuit

Pour ne pas rater le virtuose Hans Zimmer, on quitte la zone alcool un peu avant la fin du duo. On va sur la droite de l’Outdoor Theatre, et on arrive à se faufiler jusqu’aux premiers rangs, et presque au milieu, et ce, même pas cinq minutes avant le début du show. Quel plaisir de voir le compositeur allemand d’aussi près interpréter avec autant de musiciens, de choristes, et de chanteurs des medleys d’Inception, du Roi Lion ou de Pirates des Caraïbes. Cinquante minutes de grands morceaux incroyablement bien interprétés, mais surtout d’émotions.

Dur de voir le temps passer devant un tel génie, si bien qu’il quitte la scène à nos yeux trop rapidement. Alors qu’une grande partie du public quitte les lieux pour se préparer pour Kendrick Lamar, on se rapproche un peu plus de la scène jusqu’à atteindre l’angle des barrières, juste devant la scène, au milieu. De l’autre côté, nous voyons les VIP s’entasser eux aussi. On se fait potes avec quelques français venus supporter Justice, qui, même pas quarante minutes plus tard, entrent en scène. Pas le temps de niaiser, le duo parisien balance en trente secondes Safe and Sound et D.A.N.C.E. On se lâche, on profite de ces derniers instants de festival pour se mettre vraiment à fond dedans même si nous prenons la tangente pour matter les quarantes dernières minutes de Kendrick Lamar. Très difficile de nous frayer un chemin devant tous ces américains qui hurlent les paroles du rappeur, paroles que nous ne comprenons absolument pas d'autant plus... Le mec sait faire le show, et à lui seul accapare totalement la scène, devant un public nombreux et conquis.

Le show se termine cloturant ce festival de tarés. On entend un américain balancer un “Let’s go back to a darker reality” (ndlr "c'est reparti pour à une réalité plus sombre"), qui caractérise vraiment notre état d’esprit. Nous faisons tout pour retarder le moment, jusqu’à courir sous la scène Mojave voir si New Order a fini son show. Le public quittait aussi cette scène. Autant profiter visuellement une dernière fois du terrain, de prendre quelques dernières photos des oeuvres artistiques, et d’observer au loin les scènes en train d’être déjà démontées.

Le bilan

Côté concerts

La baffe à la française
Justice, fidèles à eux-mêmes, le duo français a dévoilé un show puissant, et s'est montré très proche du public

La BO du weekend
Hans Zimmer, ses choristes et ses musiciens. Un des plus grands moments du festival.

La surprise  
Lady Gaga. habitués à de la provocation de la chanteuse, nous nous sommes retrouvés devant un show assez simple, avec des titres joués rarement, et beaucoup de proximité avec le public.

La révélation brûlante
SNBRN, le DJ qui te fait danser et transpirer avec tous ses invités, dès 14h10

La déception  
Crystal Castles, on n'a pas forcément apprécié se faire hurler dessus pendant presque vingt minutes.

Côté festival

On a aimé :
- La proximité relative des scènes (sans que leur sons ne se chevauchent), permettant l’accès à beaucoup de shows
- La gentillesse des américains, tant dans le public que dans l’organisation
- Le côté artistique et légendaire du festival

On a moins aimé :
- Devoir claquer un PEL pour pouvoir se payer un churro et des bouchons d’oreille
- Les concerts blindés se passant sous des scènes couvertes parfois trop petites
- Le manque de points d’eau

Conclusion

L’expérience Coachella restera certainement l’une des plus impressionnates de notre vie de festivaliers. Avoir la chance de voir un si grand nombre d’artistes légendaires dans un décor de rêve, fait partie des choses qui restent dans les mémoires. A notre grand dam, les prix vertigineux et la tirelire à casser avant et pendant le festival font qu’il sera très difficile de devenir un festivalier habitué des lieux... A l'abordage pour de nouvelles aventures donc !

Récit et photos : Sébastien Martinez