On était à
Au Fil du Son, le rendez-vous de la bonne humeur

Charmant havre de paix en apparence, ce petit festival est en fait riche d'un public hors pair qui ne manque pas chaque été de s'atteler à la distribution de sourires, d'énergie et de bonne humeur sur les bords bucoliques de la Charente. Petite variante cette année, pour la 12ème édition d’Au Fil du Son nous avons eu droit à une prog’ largement inspirée hip-hop. Voici nos trois jours.

Jour 1, 17h00, Après l’éffort le réconfort

Après plusieurs heures de périples en covoiturage nous arrivons enfin à Civray. Cette année pour notre plus grand plaisir, le festival ouvre ses portes une journée plus tôt. L’installation se fait en toute tranquilité, permettant ainsi aux premiers venus d’éviter d’éventuels débordements qu’implique l’arrivée des 6000 campeurs en même temps. Le site est toujours aussi apaisant, longé par la rivière et ses petits ponts de bois. Une fois la dernière sardine plantée, c’est l’heure de l’apéro ! Et quoi de mieux pour siroter sa bière que de profiter des nouvelles installations sur le camping comme les hamacs au bord de l’eau.

19h45, En petit comité

Les premiers concerts vont commencer, on se dirige donc vers le site du festival qui se trouve un peu plus loin du camping, au coeur du village. Il y a peu de monde ce soir, ce qui facilite grandement l’accés aux tickets et à la pose des bracelets. Une plus petite scène a été mise en place ce soir, pour une ambiance un peu plus intimiste puisque le plus grands nombre de festivaliers n’arrive que demain. C’est un plaisir de pouvoir accéder au bar sans trop faire la queue !

20h10, Hymne au reggae

Le festival accueille ce soir quatres artistes présents pour la route des plages organisée par le Reggae Sun Ska.On commence avec le DJ set de The Redizent, grandes dreads et lunettes noires. Il commence doucement avec des mix reggae sous les derniers rayons du soleil, tout y est pour se mettre dans l’ambiance. C’est pourtant un public très timide que nous rejoignons sur le site, avec peu de monde debout près de la scène..  Il a fallu quelques remixes de titres connus pour que la foule se décoince, même si on aurait préféré un set un peu plus personnel. C’est avec la belle LMK (photo) que nous poursuivons les festivités, une touche féminine dans le monde du reggae, elle nous dévoile un univers vraiment varié entre dancehall, dub et même hip-hop, autant de styles qu’elle manie avec aisance et énergie débordante, la foule bouge, c’est un pari réussi !

22h00, l’as de la troupe

Après une merguez noyée de ketchup dans une demie baguette à 2 euros 20 et un leger goût d’amertume en bouche, nous retournons vers la scène pour le show de Volodia, à la recherche de vibes plus positives. Nous connaissons déjà cet artiste grâce à ses featuring avec le groupe Phase Cachée, et nous espérons que son voyage en solitaire nous plaise autant que les titres qui nous ont fait apprécier son style. Rayonnant et au top de sa forme, c’est avec énergie qu’il nous livre une multitude de ses meilleurs titres. La foule est très réactive puisque pratiquement tous les morceaux sont chantés par un public des plus déterminés à faire la fête.

23h05, Retour anticipé

Le live de Dubmatix commence, on en a entendu que du bien, on a donc hâte de voir ce qu’il donne en live. Mais très vite on a droit à des mix très mous et parfois trop répétitifs qui envoient donc le peu d’énergie qui nous reste aux oubliettes. On pensait entendre de la bonne grosse dub des familles mais avec un si petit soundsystem, on peut oublier les bass. On fait donc un petit tour sur le site du festival, qui cette année a également ajouté quelques décorations au site, comme des jeux de lumières dans les arbres ou de nombreux tags. Mais le site n’étant pas immense on décide de retourner au camping. C’est dommage, on pensait se coucher plus tard..

23h35, Petit monde à part

Le long voyage au départ de Paris et ces quelques heures de concerts commencent tout de même à se faire ressentir. On décide donc d'emprunter les ruelles de Civray, afin de rejoindre le camping, histoire de faire le plein d’énergie pour le lendemain. Nous sommes ravis de voir que la ville n’a pas perdu de son charme, avec sa grande place, son église illuminée et ses jolies maisons de pierre. On en oublie les hauts immeubles et la grisaille parisienne. Confortablement blottis dans nos sac de couchage, c’est sous de lointains rythmes hardcore émergeant du fond du camping que nous finissons par trouver le sommeil.

Jour 2, 14h00, Des sons passés à la trap(pe)

Le son des premiers scratchs note le début des battles de DJ sur le camping. Bière fraîche en main on décide d’y aller faire un tour, le temps s’y prête si bien en plus. Une fois sur place nous sommes un peu deçus du peu de monde présent. Sans doute à cause d’un soundsystem tristement pauvre en puissance ou de l’enchainement de set Trap, un peu trop mis en avant cette année. Speciale dédicasse au tenant du titre de l’année dernière qui aura sû briser le mauvais sort avec un set raggatek des plus dynamiques.

19h30, année après année, l’énergie reste la même

On arrive sur le site juste à temps pour le concert des marseillais Massilia Sound System (photo). Un groupe qui a su faire ses preuves. Un succès qui ne se dément pas au fil du temps. On aime le fait qu’il y ait trois MC, trois voix différentes, trois univers distincts mais avec pour seul but de faire passer de réels idéaux et une bonne humeur électrisante. Le public est fidèle au rendez vous, la communication passe très bien et c’est avec brio qu’ils font honneur à leur noms en faisant résonner le soundsystem de la grande scène jusque loin dans le village.

21h05, des padawans aux légendes

Le reste de l’équipe nous rejoint sur place après avoir courageusement bravé les bouchons parisiens et les routes de campagne viennoises et débarque pile poil pour le live de Bigflo et Oli, les petits gars qu’il ne faut surtout pas louper en festival cette année. La vingtaine toute fraîche, on aurait pu croire qu’ils ont des années d’expérience en matière de show. Bien que la pluie ait repris sur la pelouse de Civray, ils font chanter et danser tout le monde : petits et grands, teuffeurs et parents… Ils nous mettent bien dans l’ambiance pour le concert d’anthologie qui suivra, à savoir Shaggy (photo) pour sa seule date dans l’Hegaxone. On en attendait beaucoup de Mister Lova Lova, on a été un peu surpris de découvrir que son live est une espèce de grosse boum des années 2000 avec medleys de tubes de reggae, et un peu trop de “Is the party heeereee?”. Peu importe, c’est un moment qu’on racontera avec nostalgie à nos petits enfants quand on leur expliquera que les années 2000, c’était mieux.

23h40, de la blonde et du funk-rock

Fatigué de notre bootyshake, on se dirige vers le coin fooding et la buvette. Il y a un peu de queue pour acheter les tickets qui servent de monnaie sur site, ce qui nous permettra de rencontrer Guigui qui est un peu sous le choc des grandeurs de passer de l’énorme Hellfest au riquiqui Fil du Son. La disposition des stands de ravitaillement est différente cette année et nous avons bien l’impression qu’il y a moins de choix. Mais on n’a pas le temps de trainer alors une pinte à 4,40€ et c’est reparti pour la petite scène où on découvre Smoove & Turrell (photo), des gars du nord de l’Angleterre avec qui on irait bien boire des coups et qui nous font danser jusqu’au dernier riff de guitare.

00h40, Kool Shen est redemandé à l’accueil

On ne savait pas trop quoi attendre de Caribbean Dandee (photo), la clique à Natty, Joey Starr, Dj Pone et Cut Killer. La prestation ne nous a pas vraiment aidé à nous faire une idée : comme une sensation de NTM low-cost, trop de “pull up!” et “mains en l’air”, un Joey qui passe son temps à râler auprès de la régie son et aucune découverte musicale. On va donc profiter de la fin du concert pour découvrir le coin chill-out avec sa fontaine d’eau, la nouveauté de cette année (entre nous, c’était pas trop tôt !), avant d’aller déguster les meilleurs fouées de tous les festivals de France et de Navarre. Heureusement, on va pouvoir brûler quelques centaines de calories par la suite pendant le concert des newyorkais Too Many Zooz qui nous balancent du saxo, du déhanché, des blagues pouët-pouët et du gros son et créent un bien joyeux bordel qui finira par nous achever. On décidera donc de zapper le DJ set de Reno pour rejoindre la nuit fraîche du camping, ses soundsystems infatigables et notre chère glacière.

Jour 3, 14h15, La vie est un long Fil tranquille

La nuit au camping n’a pas été très longue mais personne n’a de temps à perdre à se trainer dans les allées. Notre premier arrêt aujourd’hui, le Super U à quelques kilomètres du site. C’est là que nous allons faire le plein de glace pillée gratuite pour notre glacière au rayon poissonnerie, pas bête l’aztèque ! Et pour continuer sur une lancée glaciale, on opte pour un passage aux douches, ou du moins l’installation qui fait office de lave-fesses. Des tuyaux d’arrosage et même pas une bache pour mettre les plus timides à l’abri des regards, certains festivaliers s’y sont fait et font le show, comme chez Michou (photo) ! Alors qu’une DJ battle commence au camping, on opte pour un apéro au bord de la Charente qui voit les plus courageux se récompenser d’un petit plongeon rafraichissant.

19h30, Civray en plein Jamrock

Pour nous la soirée commencera avec le concert de Yaniss Odua, le prince martiniquais du reggae qu’une grande partie des festivaliers attendait avec impatience et ça se sent ! La foule chante à tue tête et en choeur, la banane jusqu’aux oreilles. Les niortais de My Secretary (photo) auront bien du mal à atteindre ce niveau d’enthousiasme mais ils auront l’avantage de bénéficier d’un cadre au top du romantisme avec un coucher du soleil qui tape pile sur la petite scène où ils envoient leur rock new wave suave. Notre patate redescendra un peu pendant le live quelque peu trop mou de Protoje & the Indiggnation, qu’on aurait préféré voir en tout début de soirée, posés dans l’herbe, un verre à la main.

22h26, le réveil des sens

Alors qu’on profitait de la pelouse de la petite scène pour faire connaissance avec des festivaliers du tout Poitou, devant le clocher de l’église Saint Nicolas de Civray orné d’un spectacle de lumière spécialement conçu pour le festival, on découvre un groupe qui saura nous mettre des papillons au ventre et nous transporter loin dans les ténébres de la nuit au son d’un mystique violoncelle et d’un spectacle de lumières pourpres : Babel. Ces frissons nous ouvrent bien l’appétit mais on est quelque peu désespéré par le manque de choix sur place : galettes bretonnes, burgers maisons, kebab ou… risotto ?! On aurait espéré découvrir plus de spécialités locales et à un prix plus abordable.

00h10, une note finale des plus électroniques

Les prochains à fouler l’estrade de la grande scène et à y foutre le dawa c’est Chinese Man (photo) dont la musique se prête tellement bien à ce festival. Bien que le son soit bien moins puissant ce soir, le groupe de potes nous fera jumper sans répit pendant plus d’une heure avant de finir en apothéose avec les deux tarrés masqués de Tha Trickaz pour une dernière chanson sur scène. Ces derniers devront donc courir pour rejoindre l’autre scène et nous livrer un live dément et pêchu. Nous nous explosons quelques genoux en perdant tout contrôle sur la dubstep qui aurait pu être quelque peu old car un peu passée de mode, mais le tout est tellement bien exécuté que leur son n’a pas pris une seule ride. A voir et à revoir. Peut-être un peu trop exigeant de par les claques qu’on a pris au fil de la soirée, les 3 compères de Birdy Nam Nam peineront à nous convaincre avec un set bien plus plat que ce à quoi ils nous avaient jadis habitué. Ne voulant pas rester sur une note d’amertume, nous regagnerons le camping où nous continuerons les belles rencontres jusqu’au bout de la nuit. Autour de bières hein, les esprits mal tournés !

Côté concerts 

Les gars qui déménagent
Tha Trickaz, du pogo, du pogo, du pogo.

La découverte
Smoove & Turrell, des sourires, du charme et de la pêche !

La surprise
Babel ou les dramaturges du son avec un mélange des plus étonnants entre électro et chansons française.

Les relous de la soirée
Caribbean Dandee, du recyclage et de la lourdeur. On aurait aimé être un peu surpris.

C'était mieux avant
Birdy Nam Nam, un plat sans sel.

Côté festival

On a aimé :
Le public qui nous impressionne d’année en année par son énergie, sa bonne humeur et son savoir-festoyer
Un cadre bucolique au camping, sur les bords de la Charente
Le meilleur stand de Fouées du Poitou, proclamé par l’équipe de Tous Les Festivals.

On a moins aimé :
Les prix ont un peu flambé cette année et certains ne sont pas justifiés
Un festival qui n’a pas de réelle identité visuelle. Et si un graphiste intégrait le groupe en 2016 ? :)
Une programmation quelque peu poussiereuse cette année.
On nous avait promis un ventrigliss au camping. Il devait être couvert par la cape d’invisibilité …
L’accessibilité du festival reste assez désastreuse. Pas trop de choix à moins d’être motorisé.

Conclusion 

Le Fil du Son est un petit festival valeur sûre où le public surmotivé fait le tout. Bien que la programmation cette année laissait quelque peu à désirer, l’ambiance chaleureuse, l’accueil doux des locaux et le cadre châmpetre donnent du charme à cet événement encore peu connu. Une spéciale dédicace à Marco, ce festivalier qui nous avoue qu’après avoir été époustoufflé par la prestation de Joey Starr, il avait bien peur que son avenir en matière d’expériences musicales ne soit pavé de pâles déceptions. Courage mec.

Récit d'Alexia Longeau et d'Anja Dimitrijevic
Photos de Kilian Roy et d'Alexia Longeau