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Art Rock: ambiance robotique à Saint Brieuc

En ce weekend de Pentecôte, la musique et les robots ont envahi la ville de Saint Brieuc avec son festival Art Rock. Pour cette 31ème édition se mêlent expositions, projections, danses, le tout s’inspirant de la robotique et bien sûr de grands live avec Alice Cooper, Foals ou –M-.

Jour 1. 17h02, un début Rock’n Roll

Vendredi 6 juin. Nous débarquons non pas en Normandie mais dans les Côtes d’Armor, bien décidé à profiter de toutes les animations proposées un peu partout dans la ville de Saint Brieuc pour cette 31ème édition d’Art Rock. On se dirige pour commencer au Forum de La Passerelle pour assister au 1er concert du festival, celui de The Craftmen Club (photo).

17h54, Ouverture du show

Il est temps de se rendre à la Grande Scène pour profiter du concert de The Temples (photo). Nous découvrons en même temps ce mini village recréé à l’intérieur de la ville, où se mêlent merchandising, bars, stands de jetons et tickets. Malgré le beau temps, peu de monde s’est rassemblé pour écouter le groupe anglais pourtant bien motivé à nous déverser leur rock psychédélique. A coup de Colours to Life, Mesmerise ou encore Keep in The Dark, les quatre garçons tentent de faire bouger le public d’Art Rock mais rien n’y fait, même un petit « We Love You » de la part du chanteur n’émoustillera pas ce public passif. On aurait préféré les voir dans un show plus intimiste.

19h50, Plaza au tango Francia

Il est temps pour nous de découvrir le nouveau projet de la grande Catherine Ringer, Plaza Francia (photo). En collaboration avec deux des trois musiciens de Gotan Project (Müller et Makaroff), ils nous offrent un tango contemporain ravissant le public. Exécutant quelques pas de Tango, Catherine Ringer assure le show. Avec sa voix grave et suave, s’accordant parfaitement au rythme de cette musique, l’ambiance décolle et nous transporte au beau milieu d’une Milonga en Argentine. Revenant sur terre, nous décidons de nous éclipser avant la fin pour découvrir les spécialités culinaires du festival. Nous découvrons Rock’N’Toques : l’événement permet aux festivaliers de profiter de bons plats gastronomiques, le tout exécuté par des chefs, traiteurs, cavistes, pâtissiers locaux. Cet espace convivial est aussi animé par des artistes du métro parisien. Sympa, non ?

21h30, Foule en délire

La foule est compacte et prête à danser quand Gaëtan Roussel (photo) arrive sur la Grande Scène. Porté par ce public, il enchaine les chansons ; Dis-moi encore que tu m’aimes arrive très vite dans la setlist. Avec une ambiance comme celle-ci, l’ex chanteur de Louise Attaque ne peut que faire le show, et il se permet même de nous faire deux reprises, une de Bashung et l’autre des Talkings Heads. La température monte à Art Rock. Il clôture sa prestation par un salut général avec ses musiciens et choristes, nous laissant sans voix.

23h10, La fin de l’attente

On change totalement de registre avec l’arrivée des Foals (photo), groupe le plus attendu de la soirée par les festivaliers. Rien qu’à la fin du concert de Gaëtan Roussel, une horde de fans s’amassait déjà sur les premiers rangs pour trouver LA bonne place. Lumière verte, fumée épaisse, nous savons que nous allons assister à un grand show. Ils débutent avec Prélude pour mieux introduire Providence, chanson la plus puissante de leur troisième album. Avec une énergie folle au service de leurs musiques, les Anglais parviennent à créer de nombreux pogos dans la foule. Ils proposent un set qui mélange chansons calmes et entrainantes, pour finir sur un innatendu The French Open. 1h10 plus tard, nous ressortons fatiguées mais heureuses d’avoir assisté à un show comme celui-là.

0h30, Déambulation festive

Le temps de se remettre de nos émotions, nous partons au Forum de la Passerelle, voir un petit bout de Findlay. Convaincues, nous restons pour quelques chansons mais nous sommes attirées par l’exposition Avery, située dans la salle d’à côté. Mélange de graff, peintures et installations, il exploite ici la technique du Dripping sur plusieurs portraits connus comme ceux des Simpsons.

1h15, Fin de soirée

Nous repartons du côté de la Grande Scène retrouver Gesaffelstein (photo) qui a déjà commencé son set. Chanceuses, nous tombons pile au moment de Pursuit. Habillé d’un beau jeu de lumière en noir et blanc, le DJ installe une ambiance flippante et paradoxalement festive. « Gesa », clope au bec, balance de gros sons qui font trembler les basses. Malgré une bonne ambiance, rien ne se passe sur scène et nous décidons donc de partir du côté du Forum de la Passerelle. Là joue New Politics, groupe Danois, qui propose en live un son punk-rock teinté de pop. Il fait chaud, très chaud… Pendant que le public se déchaine, le guitariste balance sa guitare et le chanteur saute partout sur scène. Un concert de fou pour terminer ce 1er jour.

Jour 2. 15h00, instrumental énergique et sympathique

De si bon après-midi, direction La Passerelle. Ayant sorti leur premier album Home, ce sont les quatre briochins du groupe Totorro qui ont ouvert le bal sur la scène. Leur style musical est instrumental mais difficile de le classer puisqu'il est teinté de notes rock tout en restant plutôt pop. Le public semble conquis de ce concert gratuit, les visages bougent doucement au rythme de la musique, on ne pouvait qu'apprécier.

18h00, un public nombreux et motivé

Dans la file d'attente, nous percevons quelques signes de mécontentement : "On arrivera peut-être à entrer pour voir -M-" dit l'un. Néanmoins, comme le souligne un autre, "rares sont les festivals où tout est fluide". De loin on peut entendre la voix de la chanteuse du duo Cats On Trees (photo) avec le titre Tiki Tiki boy. Ils ont repris le célèbre Mad World de Garry Jules mais aussi testé un de leur nouveau morceau, on se surprend alors à entonner le refrain qu'ils ont tenté de nous apprendre. Ce groupe sait rester simple tout en communiquant avec leur public de manière ludique.

19h50 : un petit voyage s'impose

Entre les deux concerts, un enfant s'esclaffe tout ébahi "regarde tout le monde !". En effet, l'ambiance du festival est assez familiale et conviviale. Puis, les ukrainiens de Dakhabrakha (photo) entrent en scène parés de tenues traditionnelles. Les membres du groupe réinventent les chansons populaires grâce à leurs voix et leurs instruments. Malgré tout, une période creuse se fait ressentir mais ils remettent l'ambiance le temps des quatre dernières chansons. De plus, ils communiquent beaucoup en anglais, en français et même en allemand. En conclusion, les sourires se dessinent sur leurs visages et sur les nôtres. Pour finir, le groupe quitte la scène en agitant le drapeau de l'Ukraine, acclamé.

21h30, Des robots musiciens, c'est possible

Sur la grande scène c'est le duo Casseurs Flowters qui débarque composé de Gringe et Orelsan. Nous décidons à la place de nous rendre à la performance de Compressorhead. Avant qu'elle ne démarre, on pouvait suivre la suite du concert des deux rappeurs sur un grand écran. Soudain, une célèbre musique de science fiction précède le concert des trois robots. Les paroles sont retransmises sur l'écran pour ceux qui souhaitent pousser la chansonnette. A la fin du morceau, nous tapons dans nos mains tout en se faisant la réflexion "mince, on applaudit des robots en fait".

23h10, -M- comme un emblème

Saint Brieuc est pour lui une ville d'émotion comme il l'a précisé sur scène. Déjà présent à Art Rock il y a dix ans, -M- (photo) a enthousiasmé une nouvelle fois le public présent. C'était sans nul doute un des artistes les plus attendus, difficile en effet de se frayer un chemin dans la foule. D'ailleurs, il s'y est jeté avant de retourner sur scène jouer de la guitare avec les dents, pourquoi pas ? Les lumières des téléphones portables se sont trouvées réquisitionnées à l'occasion, comme de petites lucioles éclairant la nuit. Un artiste et un show qui valent le coup !

00h30, Un art poétique

Saint Michel (photo), c'est un duo et un premier album Love & Climbing ; ceux-ci étaient accompagnés d'un batteur sur la scène du petit théâtre. Leurs chansons revêtent un aspect poétique indéniable, on sent l'identité et l'univers dans lequel ils veulent nous faire entrer. Il s'est avéré difficile de faire ressentir leur musique en live puisque celle-ci paraît assez intimiste. Le concert est tout de même appréciable surtout leurs titres Katherine et Bob dont on ne se lasse pas. Ils ont laissé la place au groupe Salut c'est cool, mais ces derniers ne nous on pas convaincu.

Jour 3. 17h30, originalité scénique

Une fine pluie s'invite au festival. Tant mieux selon le chanteur de François & the Atlas Mountains (photo), à défaut d'avoir eu le temps de se baigner, c'est l'eau qui vient à lui. Cependant, le soleil certainement intrigué par leur musique a décidé de pointer le bout de son nez à nouveau. Ils effectuent des chorégraphies sur scène et leur musique parfois mélancolique respire la beauté tout en nous invitant au rêve. Notre seule envie est de revivre ce moment encore et encore.

19h45, L'Afrique à l'honneur

Originaire de la Côte d'Ivoire, Tiken Jah Fakoly (photo) amène le public à ressentir et écouter sa musique ainsi que les messages qu'elle véhicule. Il défend la paix à travers le style reggae et tient à être un artiste engagé pour son pays. Décidément cette année, le festival est bien décidé à nous faire voyager au sein des cultures étrangères.

21h40, une prestation théâtrale

Dans le public on repère assez bien ceux qui sont venus spécialement pour Alice Cooper (photo), vêtus de vestes sur lesquelles on peut lire les noms de célèbres groupes de métal tels que Gojira ou encore Iron Maiden. On aperçoit sur d'autres des autocollants rigolos proposés par le festival comme "Horizon pas net, reste à la buvette" ou encore "Boire ou conduire, rien à foutre, je rentre en poney". Puis, le décor tombe et Alice Cooper se met à jouer contentant ses fans mais aussi d'autres festivaliers. Maquillé, il se met en scène comme s'il se trouvait dans une pièce de théâtre et le signe du métal se voit sur beaucoup de mains. Attention en revanche aux décibels !

23h00, Une nouvelle famille

Retour au petit théâtre où les membres de Family Atlantica (photo) vêtus de tenues colorées mettent une sacrée ambiance! Le groupe reflète un savant mélange culturel entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique du Sud. Les chansons sont en espagnol et la chanteuse communique donc dans sa langue natale mais aussi en anglais. On a envie de danser au rythme de leur musique revitalisante, c'est si chaleureux que nous avons également le sentiment de faire partie de leur famille. On ne serait pas étonné de les revoir dans quelques années sur la Grande Scène.

23h50, Fauve, la bonne surprise

Ils étaient venus l'année passée au petit théâtre, mais cette fois c'est devant la grande scène que nous sommes arrivées quand Fauve (photo) avait déjà joué plusieurs titres. On repère plusieurs fans avec des vêtements sur lesquels apparaît le logo du groupe. Ils ont finalement invité le public à chanter Emmène-moi pour ceux qui connaissaient ce titre. Leur musique redonne de l'espoir parce que oui, il va falloir retourner bosser dès demain. Conclusion, "nique sa mère le blizzard".

Coté Scène

La confirmation
Foals, une réputation de groupe de scène qui ne faillit pas.

La Claque
Gaëtan Roussel, qui propose un show dynamique et rassembleur.

Côté Festival

On a aimé :

- La « mise en scène » du festival avec des scènes dispersées dans toute la ville. (Forum, Grande Scène, Art Bis Rock)
- Rock’n’Toque pour son originalité, c’est pas parce qu’on est en festival qu’on doit se taper frites/kebab !
- Le nombre et la propreté des toilettes (c’est bête mais toujours appréciable)
- Les concerts gratuits et donc accessibles à tous ! Et parallèlement la possibilité d’acheter une place de concert indépendamment du festival pour ce qui est du Petit Théâtre.

On a moins aimé :

- Le camping, normal il n’y en a pas, c’est système D pour trouver où dormir sans payer cher.
- L’aménagement des places pour se garer en centre ville, le festival devrait instaurer un parking gratuit pour les festivaliers venus de loin en voiture sinon le coût monte vite.

Conclusion

Un festival pluridisciplinaire, qui ravira les amateurs d’art, de danses, de musiques et de théâtre. Une programmation éclectique au niveau musicale avec des artistes populaires comme d'autres plus recherchés. Une ambiance conviviale et même familiale qui fait bouger la ville de Saint Brieuc.