On était à
A l’Huma jusqu’au "boue" de l’aventure

De la gadoue jusqu’aux mollets mais des sourires jusqu’aux oreilles. La Fête de l’Humanité a été une nouvelle fois fédératrice, au Parc de la Courneuve, avec près de 470 000 entrées. Rendez-vous unique et historique, cette 78e édition fut riche en concerts, en rencontres et en débats. Chacun pouvait faire la fête à sa sauce, Tous les Festivals vous propose la sienne. 

Vendredi 13 septembre, jour 1

12h32 : Arrivée tranquille sur la fête

Il fait gris, les allées sont clairsemées. Les stands s’ouvrent petit à petit.  Un service de navette efficace depuis les transports parisiens nous dépose en quelques minutes au parc de la Courneuve. On jette notre tente au camping (12€ les 3 jours) et c’est parti pour 3 jours de fête et d’intempéries. Comme tous les ans à l’entrée, aucune fouille ni contrôle sur nos sacs. Ici, la consigne c’est liberté, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

13h24 : Déjà à table … et avec des chiliens

Pas de répit, c’est l’heure du déjeuner. Un stand nous aguiche tout de suite : le Chili. Des chorizos géants qui pendent, des morceaux de viande pour un régiment qui grillent sur le barbecue. Aucune hésitation. On choisit le chorizo grillé avec un vin rouge du pays. La fête vient de s’ouvrir qu’on en vient déjà à remettre en cause le top 10 des stands où bien manger ! 

17h30 : Toybloïd ouvre le bal de la grande Scène

Après quelques bières allemandes au stand germain, on décide d’aller voir les jeunes parisiens de Toybloïd. Peu de monde au rendez-vous quand les premiers riffs arrivent. Le groupe propose un rock pure souche qui chauffe vite les premières âmes. L’ambiance monte. Interview à suivre sur le site.

20h30 : Tryo débride les cordes vocales

La nuit tombe vite après la performance d’Asian Dub Fondation. Pour rester dans la nostalgie de l’adolescence, c’est Tryo qui enchaîne. Ils sortent les grands classiques, de l’Hymne de nos campagnes à la Main verte. Ca colle à l’Huma, le public chante sans peur de boire la tasse. Mais c’est trop court, juste une heure. Après le concert, direction le stand Haut-Rhin pour se restaurer et boire quelques coups, entre autres une tartine de munster et un verre de pinot gris.

22h47 : Avalés par les allées de l’Huma

On voulait aller voir Archive. On voulait oui, c’était quand même la tête d’affiche. Mais les allées de la fête et ses stands ont fini par nous absorber. Sur la scène Pays du Nord le groupe Camping Deluxe met le bordel sur le son des trompettes. On croise un sosie de Renaud par-ci, un groupe de métal sur l’Agora par-là.  La fête se poursuit sur les stands jusque tard dans la nuit. Une première journée réussie.

Samedi 14 septembre, jour 2

9h30 : Réveil difficile au son de Jaurès

Un coup de lingette et c’est reparti. Le café est nécessaire. En face de nous, des crieurs de rue déclament des textes de Jean Jaurès, figure de l’édition 2013 pour les 100 ans de sa mort. Et oui, l’huma c’est politique, c’est le parti communiste, c’est le combat pour garder la retraite à 60 ans et éviter la guerre en Syrie. Mais à cette heure-là, il est surtout question de combat avec nous-même.

11h35 : Apéro grec et salon du livre

On va se balader. Déjà des odeurs de maroilles se dégagent des stands du Nord. On se pose prendre un apéro grec proposé à Corbeil-Essonnes. Un verre d'Ouzo avec du poulpe frais, un régal ! On fait aussi un tour à la halle Nina Simone : un concentré culturel détonnant, avec un salon du livre, des dédicaces d’auteurs, des expositions et un forum social.

13h02 : Repas gastronomique dans le Périgord

On retrouve des amis autour d’un repas gastro. Pour 25€, soupe de pain, foie gras, magrets et gésiers de canard, pomme de terre aux cèpes, du chèvre et une tarte aux noix. Rien que ça. Plus le vin rouge à volonté ! En fond sonore, des reprises à chant-guitare-accordéon de Perret, Aznavour ou Brel. Toute la magie de l’huma en un repas.

14h19 : La poésie à la sauce Giédré

Déjà pompette, on fait une très belle découverte : la chanteuse Giédré. Sa poésie décalée nous réjouit. Des paroles originales, un décor un peu bizarre pour une artiste totalement déjantée. Elle nous propose par exemple de faire des anus avec nos mains car les cœurs l’énervent, ou encore chante au final que tout le monde fait caca. Tout est dit.

17h40 : Le saltimbanque HK comme à la maison

Il est chez lui. Sa chanson « on lâche rien » est devenue l’hymne des manifs. Sous une pluie battante, il saute dans tous les sens, joue avec son public, se jette dedans. Il fait monter sur scène des ouvriers en lutte de Fralib, Sanofi ou Arcelor Mittal à la fin du concert. Les fumigènes embrasent le public, HK fait vibrer l’Huma. On a partagé un moment avec lui en fin de concert, rencontre à suivre. Une pluie torrentielle nous « oblige » ensuite à se réfugier au stand de la section de Tergny. On se réchauffe autour d’un groupe de reprise rock et une bonne bière pression.

20h25 : Quand Féfé se jette à l’eau

Féfé est un comme un fou sur scène. Il fait chanter son public et le met au défi d’être aussi bon que celui des Vieilles Charrues. Sous des trombes d’eau, il se jette dans la foule des parapluies et se fait porter par un spectateur. Il finit sa prestation trempé et nous aussi. Heureusement, un bon repas portugais nous attend. Au menu : dégustation langoureuse de sardines grillées avec une super bock.

22h02 : -M- se mouille encore et toujours

Petite routine : on se dirige vers la grande scène pour -M-. Encore lui ! Il s’arrête quand ? A vrai dire, on ne s’en lasse pas. Maintenant, on connaît presque l’ordre de ses chansons mais cette bête de scène arrive toujours à nous surprendre. Il caresse le public de sa voix suraiguë. Et même sous un torrent de pluie, la foule répond présente. La fin de soirée est plus compliquée, la boue est partout, et les stands sont très vite fermés. Fatigue d’une longue journée, dodo mérité vers les 2h.  

Dimanche 15 septembre, jour 3

10h10 : Retour sportif du soleil

Réveil tonique en ce dimanche matin (enfin pas pour nous). C’est le départ des 10 km de l’Huma, où le terme de « sportif du dimanche » prend tout son sens. Selon les rumeurs, le 6ème était encore saoul à l’arrivée. Après avoir applaudi les courageux, on va faire un tour sur le stand des Amis de l’humanité pour un débat intitulé « Peut-on encore croire au journalisme ? ». Promis chez Touslesfestivals, on ne vous épargne rien.

13h05 : Le Bolloc’h et ses guitares manouches

Un concert bien sympathique. Yvan Le Bolloc’h, plus connu comme Jean-Claude Convenant dans la série Caméra Café, a réuni autour de lui une bande de joyeux musiciens de jazz manouche. Le soleil est avec lui pour une performance pleine de bonne humeur et d’énergie. On le retrouva une heure plus tard pour une interview (à venir) devant une choucroute de la mer au stand du Finistère.

14h53 : Des manèges vides de sens

Ce qui fait la force de l’Huma, c’est la diversité de ses stands et la chaleur humaine qui s’en dégage. Mais cette année, nouveauté : plusieurs attractions géantes avaient pris place un peu partout. Ces gros manèges ont tourné presque à vide pendant tout le week-end en balançant de la musique de supermarché. Une source de revenu pour les organisateurs qui ne collait pas vraiment avec l’esprit de la fête...

16h12 : Un air cubain souffle sur la fête

On ne compte plus les verres à l’effigie du Ché. Cuba et son drapeau sont partout sur la fête, et le rhum reste la boisson de référence. Le mojito est star. A 3€, il s’en vend dans tous les sens au milieu des allées. Pour compléter le tableau, le stand de Cuba propose même des cigares. Viva la revolucion !

17h30 : Un final tout sourire avec Jamel

Pour le dernier acte, c’est Jamel Debbouze qui monte sur scène. La veille, son Comedy Club a fait salle comble sous le chapiteau de l’Agora. Le final est fédérateur. Toutes les générations de la fête se retrouvent devant la grande scène. Jamel lance des blagues que l’on connaît déjà mais on n’y rit encore. Son humour ravageur nous fait oublier que c’est déjà dimanche soir. Il faut se dépêcher de sauter dans une navette avant le retour de la pluie. « Vive la fête de l’Huma 2014 » peut-on entendre à la sortie.

Côté concert:

La bête de scène :
HK & les Saltimbanks. Qui pouvait mieux que lui enflammer la grande scène de l’Huma ?

Les surprises :
La multitude de groupes amateurs dans les stands et sur les petites scènes.

La révélation :
Giédré pour sa poésie décalée qui redonne le sourire à un public trempé.

Les stars de l’été :
-M- et Féfé. Ils nous auront fait chavirer pendant 3 mois. Vivement leur prochaine tournée.

La déception :
Le manque d’un « gros » nom original comme sait le faire l’Huma depuis des années (Patti Smith, Joan Baez, Prodigy)

Côté festival :

On a aimé :

- L’état d’esprit des bénévoles comme celui des festivaliers : on parle, on boit, on chante avec tout le monde.
- La diversité impressionnante de choses à manger et à boire. C’est un tour de France et du monde gustatif en seulement trois jours et huit repas. Un bonheur pour les papilles, moins pour l’intestin et le foie.
- Des prix très abordables : un pass 3 jours à 21€ en prévente, un camping à 12€, bières et pastis à 2€, des mojitos à 3, possibilité de très bien manger pour 5-7€.
- Le choix de Jamel Debbouze pour clôturer la fête. Très fédérateur.

On a moins aimé :

- Les attractions bling-bling qui se sont installées entre les stands. Trop fête foraine !
- Deux jours de pluie et de la boue jusqu’aux genoux.
- Les stands sont fermés trop tôt le soir. Plus rien à faire à 3h.

La conclusion

C’est l’un des rendez-vous de la rentrée, que dire, de l’année. Malgré la pluie, malgré la boue, malgré le manque de quelques têtes d’affiches, la fête fut belle. En 3 jours, on aura pu manger chilien, alsacien, portugais, grec, périgourdin, croisé des écrivains, des humoristes, tenté de participer à quelques débats politiques. L’aventure fête de l’Huma est différente chaque année. Souhaitons que l’année prochaine, elle soit juste plus ensoleillée.