Interviews
#HACKCV17 : «Les participants du hackathon vont aller vivre le festival, rencontrer des festivaliers, sentir les besoins»

Cette année l'éco festival le Cabaret Vert propose une expérience inédite en partenariat avec l'association locale HackArdennes. Pendant 4 jours, des développeurs, graphistes et autres volontaires seront plongés au coeur du festival, pour concevoir une application web axée sur le développement durable dans le cadre d'un hackathon on ne peut plus original. Pour en parler, nous avons rencontré Jean Perrissin (à droite sur la photo de couverture), responsable développement durable et qualité du festival le Cabaret Vert et Nicolas Charlot (à gauche sur la photo de couverture), co-fondateur de l’association HackArdennes, qui a pour but de faire la promotion du numérique sur le territoire ardennais, et son actuel trésorier. 

Tous Les Festivals : Bonjour Nicolas, hello Jean ! Petite présentation de l'asso HackArdennes pour commencer ? 

Nicolas - Hackardennes : L’association HackArdennes est née de manière informelle en faisant ce qu’on appelle un apéro digital On essayait de regrouper les curieux et les passionnés du numérique dans les Ardennes autour d’un verre. A force de discuter, on a eu l’idée d’organiser un hackathon. C’est quelque chose qui ne s’était jamais fait dans le Ardennes et qui se fait très rarement dans un cadre associatif. On a organisé en avril 2016 le premier hackathon qui s’appelle HackArdennes dans le plus grand château fort d’Europe à Sedan. Ça a été un franc succès à la fois sur l’aspect des participants, des bénévoles, également les acteurs, les élus, le territoire, les partenaires … d’où l’idée de continuer l’aventure. Alors on attendait une idée, quelque chose, et nos amis du Cabaret Vert sont venus nous voir en nous proposant de participer au festival cette année avec l’organisation d’un hackathon.

Pourquoi ce partenariat avec le Cabaret Vert ?

Nicolas - HackArdennes : Je pense qu’on partage quand même pas mal de valeurs en commun, on a vocation de développer le numérique sur le territoire et le développement durable c’est une thématique qui nous va bien. C’est le thème du hackathon justement. Quant au cadre, on avait déjà fait quelque chose d’assez particulier dans un château fort l'année dernière, le faire dans un festival avec la musique, l’ambiance … c’est un cadre encore plus original. Ça se goupillait bien.

Jean - Le Cabaret Vert : Et c’est notre dada aussi le développement durable ! Sur les festivals d’été, c’est des événements qu’on retrouve peu, c’est assez inédit donc c’est plutôt rigolo. Ce qui nous a plu c'est d’être un peu dans les premiers à faire ça avec ce lien entre nous et une association liée au développement durable, faire la passerelle avec un événement comme le nôtre et ce type d’action. Et puis c’est immersif, pour les équipes qui codent, un festival c’est assez sympa à vivre, pour les médias présents ça va être un suivi sympa à faire, pour les festivaliers ça donne des moments forts avec le village associatif, rencontrer des équipes, se tenir informés...

Nicolas - HackArdennes : C’est important pour nous qu’il y ait cette immersion, ce bien-vivre qu’on a dans les Ardennes et que le Cabaret Vert a su mettre en exergue d’une façon formidable. On veut que ça soit aussi le cas dans la partie hackathon. On va mettre les petits plats dans les grands pour qu’ils se sentent bien et que ça transpire la joie de vivre qu’on a dans le département. 

Parlez-nous de l’engagement écologique du Cabaret Vert.

Jean - Le Cabaret Vert : C’est un engagement qui est de toute manière ancestral pour le Cabaret Vert, depuis les débuts en 2005. L’idée c’est d’avoir un événement responsable dans plusieurs domaines. Celui qui se voit le plus du côté des festivaliers c’est celui autour de l’environnement : respect de l’environnement du site à travers des actions liées à l’entretien, au tri des déchets. On a 150 points de tri et de collecte des déchets répartis sur l’ensemble du site du festival en comprenant les campings. Et on a même un centre de tri temporaire installé sur le festival pour trier en direct avec des bénévoles les déchets collectés. Plus de 50% des déchets collectés sur le festival sont retraités et valorisés. On essaie aussi bien entendu de limiter la production de déchets en privilégiant les actions de réutilisation, recyclage, reconditionnement. Ce n’est pas parce qu’on est performant sur la collecte qu’on peut se permettre de produire de plus en plus de déchets à chaque édition. On travaille beaucoup avec nos partenaires sur les notions de prêt, de dons, pour essayer de donner une seconde vie à des matériaux ou des produits qui peuvent être réutilisés sur le festival.
On travaille beaucoup aussi sur les retombées économiques. On est un événement qui est très très ancré sur le territoire. C’est un festival qui a été créé pour valoriser et développer le territoire des Ardennes à la base. On travaille beaucoup avec des entreprises locales : on a plus de 350 partenaires locaux pour la mise en place du festival. Ça va du petit boulanger du coin à la grosse boîte de BTP ou au grand groupe international qui nous aide. Il y a différentes formes de soutien : mécénat, sponsoring, prêt de matériel, mise à disposition du personnel... Sur un festival on a besoin de nombreuses compétences, bien souvent c’est de la fonderie, de la menuiserie, de l’électricité, décoration, aménagement intérieur... Des entreprises nous aident en nous disant "J’ai envie de participer à l’aventure du festival, je vois que ça fait vivre mon territoire, je ne peux pas forcément vous donner de l’argent mais par contre je peux vous aider en mettant à disposition mes compétences".
On essaie aussi, et c’est pour ça qu’on s’est tourné cette année vers HackArdennes, d'en faite un événement fédérateur. Nous on aime bien réunir les bonnes idées, les acteurs du coin qui font vivre à leur manière le festival. Mais on n’a pas toutes les compétences, on n’est pas bon dans tous les domaines. On a repéré que les gars de HackArdennes savaient faire des hackathons, ça nous intéressait parce que ça correspondait une envie de revoir un espace sur le festival qui était notre village associatif qu’on avait envie de redimensionner autour de l’innovation. Le fait d’y intégrer un hackathon ça répondait à notre volonté. Donc les axes de coopération, la collaboration avec les acteurs locaux, culturels, associatifs, économiques, tout ça fait partie du développement durable, d’une démarche commune.

Pendant le hackathon, que va-t-on demander concrétement aux participants ?

Nicolas - HackArdennes : Dans le cahier des charges que le Cabaret Vert nous a demandé l'idée était de réussir à impliquer des festivaliers. Ca va se dérouler sur tout l’évènement, sur les 4 jours et c'est aux participants de trouver l’idée et de la réaliser. On ne leur demande pas de réaliser quelque chose qu’on a en tête mais de réfléchir à des problématiques et de trouver une idée. Le but c’est que le dimanche il y ait quelque chose de testable par les festivaliers donc qu’ils puissent voter pour le projet qui leur convient le mieux. Donc ça va être un prototype d'application où il n'y a pas besoin de télécharger quoi que ce soit.  Après on ne va pas interdire des choses s’il y a de belles initiatives mais ça reste plus compliqué à faire tester.
Sur la problématique du hackathon, il y aura plus de précisions dans les données fournies aux équipes sur place mais pour l’instant c’est confidentiel. Ca ne portera pas uniquement sur le développement durable mais le développement durable à travers des problématiques. Elles ne seront pas données avant le démarrage de la compétition le jeudi.

Comment se constituent les équipes de participants ?

Nicolas - HackArdennes : On cherche à recruter large pour mettre un peu le projecteur sur le département. Donc on a des gens qui viennent des 4 coins de la France et aussi de Belgique du Luxembourg… Les profils c’est forcément des codeurs, des graphistes mais aussi des gens qui sont simplement là pour apporter l’idée. Notre volonté c’est qu’il y ait une diversité et un maximum d’échanges entre les participants. On ne demande pas d’équipes  constituées au départ mais bon forcément il y a des gens qui se connaissent bien voir qui travaillent ensemble et d'autres qui viennent juste avec une idée, ils trouvent des ressources sur place et ça donne des résultats.

Comment ces participants seront-ils intégrés au festival ?

Jean - Le Cabaret Vert : Ils sont inscrits au hackathon donc c’est des participants, des compétiteurs je serais tenté de dire presque. Ils vont vivre le festival à leur manière c'est à dire en codant, en réfléchissant à un développement de projet. On va essayer de les mettre en immersion dans le Cabaret Vert, ils auront des temps, notamment au démarrage du hackathon pour aller vivre le festival, rencontrer des festivaliers, sentir les besoins, les possibilités de développement sur le festival. Mais ça va être une autre forme de vécu, une autre expérience sur le festival. Ça ne sera pas forcément la même que celle d’un festivalier lambda, d’un artiste, d’un partenaire, que nous en tant qu’organisateurs. 

A la fin du hackathon, le public pourra tester les applications mais il y a aussi un jury professionnel ?

Nicolas - HackArdennes : Une première partie est composée d’un jury professionnel qui juge sur différentes dimensions. Dimension technique, de développement durable, un regard économique sur la viabilité du projet. On peut aussi avoir le coup de cœur du jury sur un aspect par exemple la sympathie de l’équipe, la hargne qu’ils ont mis…Le jury va choisir trois projets sur les six proposés et derrière c’est effectivement les festivaliers qui vont départager les trois finalistes. Suite à ça, les équipes vont grossir puisque les trois perdants réintègrent les équipes finalistes. L’objectif c’est d’avoir un projet abouti le dimanche pour les festivaliers donc on a besoin de plus de ressources pour que le dimanche les festivaliers puissent donner la note finale.

Est-ce que le projet sera vraiment propulsé sur le festival par la suite ?

Jean - Le Cabaret Vert : On va être attentif à ça même si c’est difficile de s’engager sans avoir vu les équipes, les projets, sans être un peu plus avancé dans le hackathon... L’idée serait d'avoir une équipe qui propose une appli, un logiciel, qui puisse être suivi et mis en place sur le festival et qu'on puisse le porter, développer, l'accompagner sur la durée. Les équipes sont libres. Peut-être que ce que choisira le public ce ne sera pas du tout ce qu’on attendait et que l’on a envie de mettre en place mais voilà c’est la règle du jeu, il y a forcément une part de risque en acceptant cette prise de liberté.

Propos recueillis par Camille Mazelin
Crédit photo de couverture : Julien Azémar