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Breton : «A Glastonbury, la liberté de faire ce que tu veux est presque plus importante que la musique»

Anglais d’origine, les Breton n’en sont pas à leur première tournée des festivals. Avec leur electro pop augmentée de projections visuelles, leurs performances ne sont pas restées inaperçues. Après les avoir croisés du côté de Beauregard, on a profité du festival Terres du Son pour poser quelques questions à leur chanteur Roman Rappak.

Tous Les Festivals : Salut Roman ! On t’a vu à Beauregard cet été … tu t’es promené un peu après ton live ?

Roman Rappak : Oui ! C’est rare qu’un festival soit cool pour jouer et qu’après tu fasses partie du public et que tu t’y amuses. Normalement tu es seulement là pour jouer. Des fois tu es trop séparé du public, ils pensent que les groupes qui jouent ne veulent pas voir les autres groupes. Par exemple pour Damon Albarn, ce n’était pas un concert que je voulais voir de la scène mais plutôt du public. Et là c’était incroyable, ça marchait super bien .

Comment est-ce que tu as trouvé le public de ce festival ?

Il était super sympa ! On a joué dans la journée et des fois pour nous c’est compliqué parce que normalement on quitte la scène à 2h du matin. On mise beaucoup sur nos visuels qui apportent une atmosphère particulière, et parfois c’est difficile à apporter (cette atmosphère) à un public qui est dans la journée. Là, avant qu’on joue le public criait déjà.

Quel est ton meilleur souvenir de festival en tant que festivalier ?

C’était quand j’avais 17 ans, j’allais à Glastonbury pour la deuxième fois. Quand tu vas là bas pour la première fois tu ne sais même pas ce que tu fais, la liberté de faire ce que tu veux est presque plus importante que la musique. La deuxième fois, j’ai vu Jarvis Cocker, Pulp, et c’était devant 50 000 personnes. Et j’aimais bien Pulp mais des fois tu regardes un concert dans un certain contexte et tu comprends mieux l’album. Le live c’est une interprétation de l’album et parfois tu te rends compte que l’album que tu as écouté c’est juste une petite partie d’une histoire que tu vas voir sur scène.

Et en tant qu’artiste où as-tu ressenti la meilleure ambiance ?

On a joué dans un festival en Floride, le Harvey Milk Festival et c’était incroyable parce le public était super sympa et parce qu’il n’y avait pas de division entre artistes et public. Le festival était près de la plage, on a préféré y aller plutôt que de rester en backstage.

Quelle a été ta rencontre la plus mémorable en festival ?

En Suède j’ai rencontré Ian Brown des Stone Roses. Il est vieux mais ce mec reste une légende. Un peu comme Damon Albarn. Il jouait déjà avant ma naissance, alors que pour moi c’est tout nouveau. On a sorti un album il y a deux ans, c’est la deuxième fois qu’on fait la tournée des festivals et des fois tu te rends compte qu’il y en a qui ont fait 48 fois des saisons entières de festival. Alors c’est intéressant de les voir.

Récemment on a vu sortir un remix d’un de vos titres par Fakear…comment est ce que ça s’est passé entre vous ?

Avec Internet tout le monde demande s’il peut faire des remix. Des fois on entend un truc et on approche quelqu’un en lui disant « on adore ce que tu fais, est-ce que tu veux faire un remix d’une de nos chansons ? ». Il n’y a pas vraiment de méthode particulière. Et lui j’adore ce qu’il fait, comme Rone d’ailleurs. Ils sont très très bons.

Qu’est-ce que vous faites entre deux festivals ? Vous restez en France ?

Non, on rentre à Londres. On enregistre de nouveaux morceaux. La saison des festivals c’est super cool parce que c’est pas comme une tournée. Tu ne pars pas pour 3 semaines mais pour 2 jours, même pas des fois. Ça laisse du temps pour travailler sur le projet. J’ai vraiment besoin de trouver des nouveaux sons pour le prochain album. J’aimerai bien prendre le temps de partir en vacances mais je ne penserai à rien d’autre qu’à trouver un endroit pour écrire.

Du coup est-ce que vous expérimentez en live des titres d’un futur album ?

Non. J’ai travaillé avec deux ou trois nouveaux producteurs et j’essaye de trouver quelque chose qui m’intéresse, et qui va aussi intéresser le public qui a suivi le groupe. Et dès que je trouve ça je pense que je vais tout arrêter pendant 5 mois pour me perdre un peu là dedans.

Est-ce que tu as besoin de conditions particulières pour composer ?

Oui, être enfermé je pense que c’est important. Tu peux aller tellement facilement sur ton ordinateur, écouter toutes les chansons qui sont sorties cette semaine ; tu peux aller voir à Londres et aussi à Paris, New York , les groupes intéressants, progressistes . Des fois c’est cool mais des fois ça t’empêche de faire ton propre truc. Alors être enfermé des fois c’est important, parce que quand tu sors tu as quelque chose de complètement différent que le reste du monde.

Propos recueillis par Cécile Nougier et Juliette Ortiz