Interviews
BigFlo & Oli : “Il manque un grand festival hip hop en France”

Ces deux frères, vous allez en entendre parler. De véritables bêtes de scène, BigFlo & Oli abordent les festivals comme une grande cour de jeux où ils peuvent balancer leur flow. Un rap qui se fout pas mal des codes, qui raille les Booba, La Crim’ et autres clichés mélangeant dollars, grosses voitures et filles à moitié nues. Bienvenue dans leur univers.

Tous les Festivals : Votre premier album La Cour des Grands sort le 1er juin. Vous avez quoi comme régime anti-stress en ce moment ?

BigFlo : C’est vrai qu’en ce moment, on a vraiment pas mal de stress … après il se passe plein de trucs positifs ! Moi, je joue beaucoup aux jeux vidéos, je joue à LOL, League of Legends.

Oli : C’est un gros geek !

BigFlo : Comme on ne boit pas et on ne fume pas, c’est un peu notre refuge.

Oli : Moi j’ai une bonne énergie, je suis excité par ça, cela rythme mes journées.

Vous êtes programmés sur quelques festivals cet été, comme Papillons de Nuits, mais peu sur des grands rendez-vous. Est-ce que vous pensez que le rap n’est pas assez représenté en festival ? Pourquoi ?

Oli : Quand tu prends le visuel du Chorus (Ndlr : où l’interview a été réalisée) c’est une banane en mode rock, même si le rock s’essouffle depuis quelques années. Et quand il y a du rap, c’est avec du hip-hop sur une seule scène pour se dire que le job est fait.

BigFlo : Ca fait la soirée spéciale pour les rappeurs, on vous met le dimanche et voilà.

Oli : Peut-être que le comportement de certains rappeurs en festival a dégouté certains organisateurs, qui arrivent bourré et qui sont pas là.

BigFlo : Maintenant le rap c’est une des musiques qui amène le plus de jeunes. Après c’est propre à chaque festival. Les Charrues c’est plus rock non ?

Il y a un peu de tout aux Charrues, mais tendance rock oui

Oli : Ils vont nous prendre là tu vas voir !

BigFlo : C’est vrai que par moment on est un peu mis à part, pourtant c’est souvent ce qui ramène le plus de monde, le plus de flux.

Justement dans vos chansons, vous vous amusez à clasher les rappeurs bling bling. En festival, on met un peu tout le monde dans le même sac, sous l'appellation rap. De Black M à Booba en passant par Oxmo Puccino, vous vous sentez dans le même mouvement ?

BigFlo : Parfois tu as certains rappeurs qui vont se rapprocher plus d’un groupe de rock ou de pop que d’un autre rappeur. Cela nous est arrivé de nous retrouver entre un Kaaris et un autre gars un peu hardcore, et nous on avait pas grand chose à faire là niveau cohérence dans la soirée.

Oli : Ou Joke qui joue en même temps que nous aujourd’hui. C’est vrai que le rap c’est devenu tellement large, qu’il y a des courants, des branches.

BigFlo : Le rap c’est une musique jeune, ce n’est pas encore rentré à fond dans les moeurs, et c’est vrai qu’il y a des plateaux pas toujours très cohérents. C’est vrai que nous on préfère être des fois avec tel groupe de reggae ou je ne sais pas, les gens écoutent de tout maintenant

Vous kifferez faire des grandes scènes de festival ?

Les deux : Ouai ouai !

BigFlo : Ca serait ouf. La période des festivals est vraiment une période à part dans l’année, on commence à connaître ça depuis l’année dernière, cela fait vraiment une espèce de bulle pendant deux mois. Il fait beau, c’est à la campagne ou à la mer, ça nous permet de rencontrer plein d’autres artistes. On a pu discuté, c’est vraiment génial on kiffe.

Il y a une énergie particulière lorsque que vous jouez en festival ?

Oli : Les gens sont là pour s’amuser toute la journée, c’est des gens qui kiffent la musique parce qu’il y a plein de groupes à voir.

BigFlo : Les gens sont déjà là pour faire la fête, plus que pour aller voir un concert, donc c’est toujours une belle ambiance. C’est le top, c’est les meilleurs moments.

Dans votre dernier clip, Nous aussi, de Michaël Jackson à votre mère, on vous a vu déguisés en toutes sortes de personnages. Justement, pour aller en festival, vous mettriez quoi sur le dos ?

BigFlo : Si on était dans le public ? Je me déguiserais en parfait festivalier, avec les lunettes fluo, le maquillage sur le visage, un super short.

Oli : Moi je me mettrais une tête géante de Tchoupi, c’est comme ça qu’on m’appelle, je lui ressemble.

Ah, C’est toi qui cale toutes les têtes géantes dans chaque clip !

Oli : (rires) Ouai c’est pour ça ! En tout cas j’irais avec des potes en mode délire, et dans un endroit où il fait chaud car c’est encore mieux.

Vous avez déjà fait des festivals comme festivaliers vous ou pas ?

Oli : On a fait le Sziget lorsqu’on a eu deux trois jours de pause. C’est la plus grande claque qu’on ait eu!

BigFlo : Ya des gros festivals qui font envie, comme Tommorowland, ça a l’air d’être assez ouf.

Oli : Après j’aimerais bien aller au Hellfest déguisé, dans le délire.

Un jour peut-être BigFlo & Oli sur la scène du Hellfest ?

Oli : Ouais d’ailleurs on prépare un deuxième album, le Corbeau Noir ! (rires)

BigFlo : N’empêche que le métal et le rap ne sont pas si éloignés que ça je trouve, on est un peu les deux styles qu’on ne sait pas où mettre, des styles populaires avec des grosses communautés de fans, avec des gros évènements.

Oli : Nous on aime bien le métal. Respect aux métalleux !

Et sur le Sziget vous êtes allés camper ?

BigFlo : non non, ca c’est quelque chose que j’aurais pas pu faire. Au Sziget, tu peux mettre ta tente où tu peux, il y en avait à côté des scènes, tu ne dors pas, il faisait chaud.

Oli : Nous on était à l’hôtel pas loin, un peu de la triche !

Et si vous aviez vous un festival à créer, vous feriez quoi ?

Oli : Je ferais un gros festival hip-hop énorme, comme jamais cela a été fait. Il manque un grand festival hiphop en France. Il y a des petits trucs mais rien d’exceptionnel, genre Urban Peace. Je le ferais à Toulouse à la Prairie des Filtres, c’est un énorme jardin avec que des grosses têtes, avec Eminem et on serait en première partie.

BigFlo : Des grosses têtes d’affiche pour permettre de faire connaître un tas de petits groupes français à côté.

Oli : Oui, Des open Mic pour les jeunes groupes. On va monter ça avec touslesfestivals.com, on est en train de voir !

Pour finir on va se faire une petite interview intellectuelle. Premier album, la cour des Grands : on sent très présents dans vos textes et clips les références à l’enfance. On va faire une interview cour de récré !

Hé les gars, je sais pas qui prendre entre Bulbizarre, Salamèche et Carapuce, vous me conseillez qui ?

BigFlo : J’ai lu il n’y a pas longtemps une analyse hyper précise avec des statistiques sur quel pokémon il fallait prendre, et je crois que c’est Carapuce le meilleur, et Bulbizare le moins bon.

Et si c’est le coeur qui parle ?

BigFlo : Moi c’est Bulbizarre quand même.

Oli : Je n’ai jamais joué à Pokémon, je suis juste la génération au dessus. Mais je prendrais Bulbizarre pour son design, et c’est un bon nom de rappeur, imagine Bulbizarre feat Kaaris ! (rires) Du lourd.

On continue. T’es allé voir Harry Potter ? T’es d’accord c’est vraiment pas comme le livre ?

BigFlo : Tu vas avoir mal au coeur, tu n’es pas tombé sur les bonnes personnes, je n’ai pas lu tous les livres d’Harry Potter ! J’en ai lu deux, mais je n’aime pas trop lire.

Oli : On adore la série des films, on les trouve d’une qualité, c’est magique. Surtout à partir du 3 !

BigFlo : Ca fout les boules, j’en ai parlé avec d’autres fans.

Oli : Le livre c’est vraiment ce qu’a voulu écrire JK Rowling, donc c’’est là où il y a tout.

Hé sinon les gars, vous avez écouté le dernier Linkin Park, il envoie du lourd non ?

BigFlo : Ah oui, j’adore, c’était avec Jay-Z non ? On a tous été fan, j’écoutais zéro rock avant Linkin Park.

Oli : C’est du lourd, j’espère qu’ils passeront à Toulouse et que mes parents me laisseront aller les voir.

Sinon j’ai 20 francs, on va se faire quoi ? un DoMac ? Des bonbecs à la boulangerie ? Des cartes paninis ?

Oli : Allez, les 3 ! Bon, plutôt bonbecs quand même.

BigFlo : Moi j’avais les cartes panini Pokémon, mon père il me ramenait ça à la sortie des cours j’étais comme un fou. Un album Panini tu le faisais pendant trois semaines, tu commençais à dessiner dessus, tu avais les mêmes cartes en double. Et j’avais un album de La Ligue 1 aussi !

Putain, j’ai rien compris au cour de madame Martin, vous pouvez me réexpliquer le théorème de Pythagore ?

Oli : Oh la la, j’ai oublié, chaud.

BigFlo : Et bien je peux te le dire, car j’ai fait Bac S. Le théorème de pythagore c’est le carré … euh attend, c’est A au carré + B au carré = C au carré. C représente l'hypoténuse, et les deux autres ce sont les côtés adjacents.

Oli : Ah oui, je me souviens du schéma !

Ca gère ! Pour terminer, BigFlo tu jouais de la batterie, Oli de la trompette, ton père chantait de la salsa et ta mère écoutait du Michel Sardou à fond. Comment …

Les deux : Ah non pas du Michel Sardou ! (rires) On ne valide pas du tout ! Uniquement du Brel, Aznavour et Cabrel.

... et donc votre mère écoutait du Cabrel à fond à la maison. Comment ça se passait avec les voisins ? Un peu le bordel non ?

Oli : Figure toi, ça se passait mal au début, batterie, trompette, on rappait, ils ont pris cher. Mais au final ça va.  Maintenant ils demandent de nos nouvelles !

Et votre mère elle s’est mise à écouter du BigFlo & Oli ?

Oli : Déjà elle nous soutient grave, puis elle s’est ouverte au rap. Elle n'en écoute pas encore toute seule !

BigFlo : Des fois elle arrive le soir, et comme elle a envie d’être cool elle dit “Booba il a fait un truc non ?”

Oli : En tout cas, une putain d’enfance en musique, on a kiffé.

BigFlo & Oli cet été en festival : Imaginarium festival le 23 mai, Papillons de Nuit le 24 mai, Megascène le 26 juin, Couleur Café le 3 juillet, Oeno Music Festival le 3 juillet, 24 juillet au Paléo festival, Festival de Nîmes le 26 juillet, Musicalarue le 14 août. 

Propos recueillis par Morgan Canda
Photos par Nicolas Hours