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Une vague d'agressions sexuelles annule l'édition 2018 du Bråvalla

Parce qu'il semblerait que l'état d'urgence ne suffise pas pour annuler des événements, un autre fléau se répand et vient de prendre une nouvelle ampleur dans le monde des festivals. A la suite d'agressions sexuelles lors de son édition 2017, le festival Bråvalla a annoncé la suspension de son édition 2018.

Comment réagiriez-vous si on vous annonçait aujourd’hui l'annulation des Vieilles Charrues, Solidays ou encore celle du Hellfest pour 2018 suite à un comportement inadmissible des festivaliers ? En mars dernier, nous traitions en longueur le problème des harcèlements sexuels en festival, et c'est précisément ce que nos collègues festivaliers suédois viennent de subir au Bråvalla Festival, le plus grand festival de musique en Suède. L’édition 2018 est annulée. et cette sanction, les festivaliers suédois la doivent à une belle poignée d'imbéciles et leur comportement honteux et criminel : en effet une série de viols et plusieurs agressions sexuelles ont été signalées pendant l’événement qui a eu lieu entre le 28 juin et 1er juillet 2017.

C’est par le biais d’un communiqué de presse que les organisateurs du festival ont annoncé la décision de ne pas renouveler le festival pour l’édition 2018 : "Certains hommes, car ce sont des hommes, ne peuvent manifestement pas se comporter correctement. C'est une honte. C'est pourquoi nous avons décidé de ne pas rééditer Bråvalla en 2018 (...). De nombreuses plaintes nous sont parvenues après les faits." à savoir 4 plaintes pour viols et 23 pour agressions sexuelles. Des faits inadmissibles qui ont heureusement fait grand bruit et suite auxquels plusieurs personnalités en Suède ont décidé de prendre la parole sur ce fléau qui se répand, à commencer par le premier ministre suédois Stefan Löfven qui a immédiatement qualifié ces actes de « répugnants » et promis de travailler sur la mise en place d'un dispositif de sécurité pour ce type d'événements. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que le festival Bravalla connait cette situation difficile, l'édition 2016 avait connu les mêmes maux avec déjà de lourdes répercussions pour cette année, faisant chuter l'affluence drastiquement : 45 000 billets vendus cette année, contre 52 000 l'an dernier.

Mais alors quelles solutions pour ne pas retomber dans ces travers ?

Le Premier ministre s'est dit favorable au recours à la vidéo-surveillance dans ce genre de manifestations. Mais traquer les coupables ne semble pas à terme être une réponse satisfaisante au vu de l'ampleur du problème. La vraie question qui se pose aujourd'hui est comment faire disparaître tout type d'agressions sexuelles dans les événements culturels de masse ? 

L’association suédoise Nattskiftet qui travaille avec le festival Bravalla depuis quatre ans, a mis en place des dispositifs aidant les festivaliers à signaler des comportements condamnables et travaille sur la sensibilisation des festivaliers au probème en se servant des écrans géants du festival et de la voix des artistes programmés. L’année dernière, en partenariat avec les forces de l'ordre, l'association a mêmed distribué aux festivalières des bracelets avec la mention «Ne tripote pas».

De son côté, l'actice et présentatrice de radio suédoise Emma Knyckare, indignée par les événements du festival Bravalla, a proposé via son compte Twitter de créer un festival ouvert uniquement aux femmes pour compenser l'annulation du Bravalla en 2018 et proposer aux femmes un havre de paix musical.

« Que diriez-vous qu'on organise ensemble un festival sympa où seules les "non-hommes" seraient accueillies en attendant que tous les hommes apprennent à bien se comporter ?»

Elle a d'ores et déjà obtenu un grand nombre de soutiens sur son compte Instagram : des spécialistes de la communication, de la production de spectacle et des techniciens lui ont déjà proposé leurs services. Certains festivals, comme le géant britannique Glastonbury, ont déjà franchi le cap en proposant des zones de sécurité accessibles uniquement aux femmes mais la particularité du projet d'Emma Knyckare est qu'il concernerait l'ensemble de l'événement. Répondant aux critiques qui s'attaquaient une énième fois à une forme de discrimination dans la solution proposée par l'actrice, cette dernière a répondu qu'elle ne pensait pas que ce festival pourrait creuser les inégalités : "Vu qu'aujourd'hui il semble encore totalement acceptable de discriminer les femmes sans arrêt, peut-être que ce n'est pas un drame d'exclure les hommes pendant 3 jours.". Cette solution, qui certes sanctionnerait des innocents, soulève tout le problème que rencontrent les festivals pour proposer un bon moment pour tous, sans débordements et en préservant les libertés de chacun.

Crédit photo de couverture : Xposure UK/ABACA