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C'était il y a 15 ans, la première d'Au Foin de la Rue

Vous vous en souvenez ? Pierre Le Feuvre, ex-responsable décoration et graphiste  du festival Au Foin de la Rue vous raconte les premiers pas du festival les 1 et 2 juillet 2000. Premières réussites, premiers couacs, premiers artistes, les premières fois de festival sont souvent inoubliables.

Eh oui ! C’était il y a 15 ans déjà. L’euro n’était pas encore monnaie courante, les walkmans avaient été remplacés depuis belle lurette par les baladeurs CD, qui eux même n’allaient pas tarder à se faire détrôner par l’ère des baladeurs MP3 128 Mo. Et parallèlement, quelque part au fin fond de la Mayenne, à Saint Denis de Gastines, à une quarantaine de kilomètres de Laval, deux bandes décident de s’allier. Pour le meilleur et la musique. 

Pierre a alors 22 ans. Il fait partie d’une bande de potes, il aime la musique, il est musicien et il est habile de ses mains. La vie associative dans son village est assez active, concerts, fête de la musique, ils ne ratent pas une occasion. D’ailleurs il y a déjà un groupe de gens un peu plus âgés que lui qui est très impliqué là-dedans. Ils s’associent. Ensemble, ils sont une vingtaine à se lancer dans l’aventure. L’idée ? Trouver un weekend où ils montent un événement un peu plus structuré, un peu plus gros. 

Il y a 15 ans, des festivals il n’y en avait pas à foison. Les Vieilles charrues existait déjà, Les 3 éléphants avait été lancé deux ans plus tôt. La dynamique n’étant pas loin, il fallait également l’implanter à Saint Denis de Gastines. L’organisation s’est faite au feeling, assez artisanalement. Normal pour une première. Pierre lui est manuel, il s’occupera donc de la « commission »  déco, « le mot qui fait peur » comme il dit. La décoration est la signature du festival. Un peu à l’instar des 3 éléphants qui avait beaucoup misé sur la scénographie pour sa première.

La municipalité accueille avec joie l’initiative. Le maire, « un type cool », du genre à ramasser des gobelets dans la rue quand il faut aider, les laisse utiliser le parc du château sans problème. C’est là que se tient le premier soir du festival. Un décor tout trouvé qu’il ne reste plus qu’à agrémenter, et où ils peuvent installer leurs deux scènes. Le lendemain le festoche se déplace dans les rues. « C’était débile en fait, parce que dans la nuit du vendredi à samedi, on a bossé comme des cinglés pour que le lendemain matin le village soit habillé et équipé de scènes. Avec le recul, financièrement et artistiquement on s’est compliqué la vie ». On ne les y reprendra pas à deux fois surtout avec un petit budget de 80 000 francs (ndlr, à peine plus de 12 000 euros).

4000 festivaliers pour 16 groupes

Mais c’est grâce à cette décision capillotractée - et à une réunion brainstorming réunissant toutes les commissions - que le nom Au Foin de la Rue est né. Un festival qui leur ressemble : grand public, convivial et laissant une grande place à la décoration. Près de 4000 festivaliers font le déplacement pour venir voir les seize groupes de musique de djeunes (ndlr, le mot est admis dans le dictionnaire du scrabble) : Flor del Fango, Le Maximum Kouette, La Saint java, Germ, Yan et les Abeilles, Narayana, Los Tick, Sold Out, Abkhan, Kojo Sound System, Geo Armorin, Dobranotch, Foulefeud’dans, Tribufamilia, Marie Hélène Méraud et Wakan. 

D’après Pierre, ce succès est le fruit d’une équation logique : puisque l’offre de festivals était moins importante que la demande, du moins à l’époque, le bouche à oreille et un minimum de communication ont suffi pour attirer pas mal de monde. « Ce que j’en retiens, c’est une super aventure. C’était fatiguant, et il y avait plein de choses chiantes, mais au final c’est une satisfaction énorme. » Et puis c’est plein de bons souvenirs aussi. Notamment quand leurs potes motards, qui avaient été embauchés pour s’occuper de la sécurité, avaient dû courser des gars dans les champs parce qu’ils ne voulaient pas payer l’entrée. 

Aujourd’hui, Pierre Le Feuvre ne fait plus partie du noyau dur de l’équipe du festival. Mais tous les ans il y participe encore en tant que bénévole. Au Foin de la Rue, c’est la petite entreprise qui ne connaît pas la crise. L’an dernier, plus de 1000 bénévoles se sont mobilisés et le budget a grimpé à 680 000 euros pour le bonheur des oreilles et des yeux de 15 000 festivaliers.